Gims victime d'insultes racistes dans son enfance : "On m'a traité de singe, de macaque ou de sale noir"

CANNES, FRANCE - NOVEMBER 20:  Gims attends the 22nd NRJ Music Awards on November 20, 2021 in Cannes, France. (Photo by Toni Anne Barson/FilmMagic)
Gims victime d'insultes racistes dans son enfance : "On m'a traité de singe, de macaque ou de sale noir". (Photo by Toni Anne Barson/FilmMagic)

À l'affiche de "La fête de la musique 2023" sur France 2, ce mercredi 21 juin, Gims est un chanteur dont la popularité est incontestable. Mais avant d'être révélé avec son collectif de rap, Sexion d'Assaut, en 2010, l'artiste congolais, arrivé en France à l'âge de deux ans, a été la cible d'insultes racistes durant son enfance. Des injures très dévalorisantes dont il se souvient encore parfaitement.

Gandhi Djuna, plus connu sous le nom de Gims, a deux ans lorsqu'il débarque en France avec ses parents, qui fuient la dictature au Zaïre (république démocratique du Congo depuis 1997). Le petit garçon, aîné d'une fratrie de six enfants, est séparé de ses parents, alors étrangers en situation irrégulière. Il est alors placé en famille d'accueil et vit dans des squats jusqu'à sa majorité. Marqué par une enfance particulièrement difficile, Gims s'est en plus heurté à des remarques racistes dès son plus jeune âge, qu'il n'a jamais oubliées.

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"J'étais un petit migrant"

En 2021, dans un entretien accordé à l'émission "Sept à Huit", sur TF1, Gims est revenu sur son parcours : "J'étais un petit migrant. On est arrivé en banlieue parisienne, en province, pour terminer à Paris. C'est des tonneaux, des tonneaux toute mon enfance pour qu'à un moment la voiture s'arrête. Là, tu te demandes s'ils sont encore vivants à l'intérieur ou pas. Par je ne sais quel miracle, on est sortis de la voiture et on s'est stabilisés."

Arrivé en France, le chanteur fait face à une grande précarité, mais aussi au racisme, qui, il l'affirme, est encore bien présent aujourd'hui dans l'Hexagone. "J'en ai souffert étant gamin, bien sûr. On m'a traité de singe, de macaque ou de sale noir. Ce qui me choque, c'est de me dire qu'on traite encore des enfants comme ça aujourd'hui, en 2021. Il y a un boulot qui n'a pas été fait", a-t-il estimé.

Pourtant, des personnes aux origines très diverses cohabitent sur le sol français. Selon l'Insee, en 2021, 7,0 millions d'immigrés vivaient en France, soit 10,3 % de la population totale, et la population étrangère vivant en France s'élève à 5,2 millions de personnes, soit 7,7 % de la population totale.

Gims est bien conscient de ce mélange de cultures, et s'étonne de ne pas constater davantage de tolérance : "La France reste un pays de métissage quoi qu'il arrive. Il n'y a pas de plus grande injustice que de s'en prendre à quelqu'un pour une couleur qu'il n'a pas choisie. Moi, je ne me souviens pas d'avoir choisi ma couleur", a-t-il déclaré. Et d'ajouter : "En général on s'en prend à quelqu'un pour des actes ou des faits, pas pour quelque chose qu'il n'a pas maîtrisé. Pour moi, le racisme fait partie des plus grandes injustices."

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"Je ne peux pas dire que la France est un pays raciste"

Néanmoins, Gims ne souhaite pas généraliser ces comportements discriminants à l'ensemble de la population française : "Je ne peux pas dire que la France est un pays raciste, parce que ce serait condamner des innocents, des gens qui ne le sont pas. Moi, je suis un enfant du peuple, du peuple de France. Je suis né à Kinshasa, mais j'ai fait mes premiers pas et mes dents ici", poursuit Gims, qui garde espoir : "Le mal est là, mais le bien domine et dominera toujours".

Interrogé début juin 2023 par France 24, l'artiste confirme : le racisme est toujours bien présent dans notre société. Mais il reste assez optimiste quant aux moyens de le combattre : "Le racisme, à mon niveau, en tout cas aujourd'hui, c'est le "racisme social" on va dire, beaucoup. Aujourd'hui je pense qu'un noir qui a de l'argent, un grand sportif noir, ce n'est plus simplement un noir, c'est quelqu'un de très riche, qui a une certaine classe... Mais un noir lambda, bien sûr. C'est quelque chose qui existe, le racisme chez certaines personnes. C'est une maladie, c'est un manque d'éducation, et ça se combat (...) avec des gens compétents, éloquents. (...) J'ai subi du racisme étant petit, on en subit malheureusement encore aujourd'hui, c'est quelque chose de vrai, il faut en parler."

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