Journée mondiale du droit à l'avortement : quels sont ces pays qui l'interdisent ?
Sur le point d'être inscrit dans la Constitution française mais encore restreint et interdit dans certains pays, l'avortement est aujourd'hui, et plus que jamais, un sujet au coeur de toutes les actualités. En cette journée mondiale du droit à l'avortement, découvrez les pays qui l'interdisent et les sanctions encourues.
En 2023, le corps de la femme reste sous la coupe d'une société patriarcale et conservatrice. Pour protester contre cette pression sociale, de nombreuses pancartes "My body my choice" ont fait leur apparition lors de manifestations contre la répression du droit à l'avortement. Simple d'accès dans certains pays, le droit à l'avortement est, cependant, encore en suspend, voire même interdit et puni par la loi dans de nombreux Etats. Selon l’Organisation mondiale de la santé, 4,7% à 13,2% des décès maternels recensés sur une année peuvent être la triste conséquence d'un avortement non sécurisé. Toujours selon la même étude, environ 7 millions de femmes par an sont hospitalisées pour des complications dues à un avortement dit clandestin. Tous ces décès et ces hospitalisations sont le fruit d'une privation de liberté et d'une main mise sur la sexualité de la femme. Pour échapper à des poursuites judiciaires, les plus aisées vont même jusqu'à se rendre à l'étranger pour mettre un terme à leur grossesse.
Vidéo : En 1974, les femmes françaises étaient majoritairement "pour" l'avortement
Voici une liste des pays qui interdisent et punissent pénalement l'avortement :
Andorre (6 mois de prison pour les femmes et 3 à 5 ans de prison pour les médecins)
L'Archipel de Malte (18 mois à 3 ans de prison)
L'Egypte (3 ans de prison pour les femmes et 15 ans pour les médecins)
Le Gabon
Haïti (5 à 7 ans de prison)
Madagascar (6 à 10 ans de prison)
Le Salvador (8 ans de prison)
13 États des États-Unis (jusqu'à 10 ans de prison)
Qu'en est-il des États-Unis ?
Parmi les 50 États du territoire américain, 27 maintiennent le droit à l'avortement, 13 l'ont annulé et les autres restants en ont limité l'accès en imposant un délai de 6 semaines maximum. L'Alabama, l'Arkansas, l'Idaho, le Kentucky, la Louisiane, le Mississippi, le Missouri, l'Oklahoma, le Dakota du Sud, le Tennessee, le Texas, la Virginie-Occidentale et le Wisconsin sont, pour le moment, les seuls États à condamner l'avortement.
Le 24 juin 2022, la Cour suprême des États-Unis s'est engagée dans une régression historique. Après plusieurs heures de débat, la majorité des juges ont voté pour l'annulation de l'arrêt Roe v. Wade, qui offrait aux femmes depuis 1973 l'accès à l'avortement dans l'ensemble du pays. Avec l'interruption de ce droit fédéral, chaque État est aujourd'hui libre de maintenir, ou non, le droit de mettre un terme à la grossesse. En juillet 2023, une jeune femme de 19 ans (17 ans lors des faits) a été condamnée à 90 jours de prison et 2 ans de probation pour avoir, avec l'aide de sa mère, avorté illégalement. Enceinte de 30 semaines, Celeste Burgess a décidé d'interrompre sa grossesse alors que le Nebraska n'autorisait l'avortement qu'en dessous de 20 semaines. Le 22 septembre 2023, la jeune femme a finalement été condamnée à 2 ans de prison.
Après avoir déposé, en mars 2023, une proposition de loi visant à rendre les mères responsables d'un crime (et donc potentiellement passible de la peine capitale), le représentant républicain Robert Harris a déclaré que les fœtus doivent être considérés "comme une personne qui devrait être protégée de la fécondation à la mort naturelle".
Un droit bientôt constitutionnel en France
En parallèle des nombreuses manifestations des groupes "pro life" (anti-avortement) dans les rues de Paris, le délai légal d'interruption de grossesse français a été rallongé en 2022. En effet, la loi du 2 mars a allongé de 12 à 14 semaines le délai de recours à l’IVG. À compter de 2001, le nombre d'interruption volontaire de grossesse varie entre 225 000 et 230 000 en France. En février 2023, et pour la première fois depuis sa adoption en janvier 1975, le projet de loi d'inscrire le droit à l'avortement dans la Constitution française a été par le Sénat avec 166 voix pour et 152 contre. Dans une étude publiée ce mercredi 27 septembre, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) note une augmentation des recours à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) en France en 2022. L'an dernier, 234.300 IVG ont été enregistrées.
VIDEO - Amandine Clavaud ("Droits des femmes : le grand recul") : "Au cours de la crise sanitaire, les Etats les plus conservateurs ont instrumentalisé l’IVG"
À lire aussi :
>> Marianne James évoque son avortement : "Pourtant, je suis croyante"
>> Inscription du droit à l'IVG dans la Constitution : que répondre à ceux qui s'y opposent ?