Anthony Kavanagh, victime de racisme : "Un policier m'arrête, sort son pistolet à moitié"
Le racisme est loin d'être de l'histoire ancienne en France, comme partout dans le monde. Anthony Kavanagh, invité ce vendredi 8 septembre 2023 dans "Le grand show de l'humour" sur France 3, peut en témoigner. En effet, sa carrière a été émaillée par le racisme dont il a été victime depuis ses débuts.
"On m’a souvent dit que, même si j’avais du succès, je ne pourrais pas faire la Une d’un magazine parce que j’étais noir." Invité dans l'émission "Un monde, un regard" de Public Sénat en avril 2023, Anthony Kavanagh annonce la couleur quant au racisme dont il a été victime tout au long de sa carrière. L'humoriste québécois, très populaire auprès du public français, a connu des périodes difficiles où sa couleur de peau a nui à son succès. "On m’a également refusé un rôle de médecin à cause de ma couleur de peau", se souvient-il.
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"On dit souvent pour Omar, si, mais pour les autres, non"
Si l'acteur Chiwetel Ejiofor affirmait de son côté qu'il était "plus difficile d'être gay que d'être noir" à Hollywood, le monde du showbusiness continue à être marqué par des discriminations raciales. La situation s'améliore, mais malheureusement pas assez vite. "Il y a eu une évolution, je dois l’admettre", confirme Anthony Kavanagh, qui ironise toutefois : "On dit souvent pour Omar, si (en référence à l'acteur français Omar Sy, maintes fois élu personnalité préférée des Français; ndlr), mais pour les autres, non."
Pour lui, les personnes racisées sont trop souvent cantonnées aux mêmes rôles. "Dans les films français, les noirs incarnent souvent des personnes issues des quartiers difficiles ou qui sortent de prison. Et puis, la couleur de peau de l’acteur est toujours évoquée à un moment ou un autre du film, comme s’il fallait la justifier."
"Je me suis dit, 'Il peut me tirer dessus'"
Dans une précédente interview, accordée à l'émission canadienne "Sucré Salé", l'humoriste avait raconté à quel point il s'était senti en danger à cause du racisme. "Au début, quand j’ai commencé, je me souviendrai toujours, je me faisais arrêter une fois par mois par les policiers. Un Noir dans une belle voiture, c’est suspect."
Une arrestation, en particulier, aurait pu mal tourner : "À deux blocs à côté d’ici, un policier m'arrête, je me mets sur le côté. Il est derrière moi et il est seul dans sa voiture. Et là, je le vois et je me dis, 'Il a l'air un peu bizarre.' Il sort de sa voiture et je vois qu'il a l'air nerveux. J'ai les mains sur le volant. Je baisse la fenêtre et je dis : 'J'ai les mains sur le volant, j'ai les mains sur le volant.' Je le vois arriver et il met sa main sur son pistolet et il sort le pistolet à moitié. (...) Il y avait déjà deux gars qui venaient de se faire tuer, des Noirs, et moi, je flippais dans ma voiture." Et de conclure : "Je me suis dit, 'Il peut me tirer (dessus) là, et il n’y a personne, pas de témoin.' Il était 1 heure du matin."
"Je me suis endormi au volant à quelques reprises"
À la fin de l'année 2022, Anthony Kavanagh avait évoqué un sujet bien différent : celui de sa santé, et plus précisément de l'errance médicale dont il avait été victime. "J'ai découvert à 37 ou 38 ans que je souffrais d'apnée du sommeil", a-t-il confié à Konbini. "Je ne me souvenais jamais de mes rêves, j'étais toujours épuisé, je m'endormais partout. Je me suis endormi au volant à quelques reprises, dont deux fois où à la dernière minute, l'inconscient... 'Réveille-toi !'"
En dépit de ses inquiétudes, il a toutefois eu du mal à obtenir un diagnostic : "Je suis allé voir plein de médecins avant, parce que j'avais mes hormones qui étaient au sous-sol. Les médecins au début pensent que tu es un artiste hypocondriaque", s'est-il souvenu. "On pense qu'on fait une dépression, donc on nous prescrit des antidépresseurs, qui augmentent ton apnée du sommeil."
Se sentant "comme un zombie", il avoue avoir pensé à la mort : "Je ne voulais pas me suicider, mais je me disais : 'Si je meurs là... ça va'", avoue-t-il. Aujourd'hui diagnostiqué après des années d'errance, l'humoriste a peut-être été victime d'une forme de racisme médical, comme cela avait été le cas pour Serena Williams lors de son premier accouchement. En effet, plusieurs études ont souligné que les personnes racisées étaient souvent mal diagnostiquées ou diagnostiquées sur le tard, en raison de vieux préjugés racistes bien intégrés dans le monde de la médecine.
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