Les amants du couvre-feu : "J’ai vu 3 à 4 personnes par mois pendant 4 mois"
Entre le samedi 16 janvier et le 20 juin dernier, un couvre-feu a été obligatoire dans toute la France. Dans Les amants du couvre-feu, célibataires et amants racontent comment ils sont arrivés à concilier les contraintes sanitaires avec leurs vies amoureuses et sexuelles.
Si vous aussi vous voulez raconter vos belles histoires de vie, d'amitié et d'amour, vous pouvez envoyer un message à cette adresse : lucilebellan@gmail.com.
Pour Laurence, les restrictions liées à la pandémie ont été particulièrement difficiles à accepter : "Je me définis comme une femme libre. Je suis en couple depuis 18 ans et nous avons un arrangement avec mon compagnon pour que je puisse continuer à faire des rencontres quand j’en ai envie. Je ne vois jamais plus de 2 ou 3 personnes dans l’année, certains sont devenus des amis. Cela fait partie de mon équilibre. J’ai besoin de ces moments de liberté pour me sentir bien, à la fois dans ma tête et dans mon couple. Les confinements et les couvre-feu ça a complètement fait exploser tous nos arrangements. Normalement, je me libère une soirée et je rentre à la maison le lendemain après le travail. J’ai toujours le temps de prendre au moins une deuxième douche avant de me coucher avec mon compagnon, de dîner avec lui et d’avoir le sentiment de vraiment le retrouver. Là, il a fallu composer, jongler avec les restrictions avec la peur de se faire contrôler. La plupart du temps, ça m’a laissée épuisée nerveusement."
Vidéo. Façon Sexe - Lucile Bellan ("Masturbation") : "Les femmes qui se masturbent, c’est considéré comme tellement "sale" qu’on n'en parle jamais"
Pour la quadragénaire, le problème réside surtout dans les changements imposés à son couple : "Le problème, c’est que mon compagnon a été obligé de changer ses habitudes aussi. Plus question qu’il passe sa soirée tranquille en solo. Avec le couvre-feu, il me voyait débarquer échevelée et courir à la douche. Le soir, je refusais qu’il me touche. J’ai eu le coeur brisé de lui infliger ça, mais on en a beaucoup discuté et il a toujours été clair sur le fait que ça ne le dérangeait pas tant que moi je me sentais encore heureuse et épanouie."
Après le confinement, elle voit jusqu'à quatre personnes en même temps
Pendant un temps, Laurence préfère se sacrifier : "Au milieu du premier confinement et jusqu’à la fin du second, j’ai tout arrêté. Je n’ai plus vu personne. J’ai essayé d’avoir des échanges épistolaires, mais je n’y ai jamais trouvé de réel plaisir. J’avais besoin de me retrouver moi, de me concentrer sur mon couple. Ça a été le cas pour beaucoup de gens, je pense. Mais au printemps 2021, j’ai eu besoin de retrouver cette partie de ma vie et j’ai vu un maximum de monde selon mes standards. J’ai vu 3 à 4 personnes par mois pendant 4 mois."
Pour ses rencontres, elle use des mêmes méthodes qu’avant la pandémie : "Ça s’est fait par des applications de rencontre et via un site spécialisé de rencontre entre adultes. Avec le couvre-feu, je me suis remise à découcher. Je n’ai plus eu la sensation de ne pas respecter mon partenaire de vie. Lui, a retrouvé ses soirées en solo. Il avait juste une petite appréhension que je me retrouve coincée chez quelqu’un qui ne serait pas sympathique. Mais ce n’est pas arrivé. Certains de mes partenaires, plus habitués à ces nouveaux codes, m’ont même proposé de dormir dans le canapé pour me laisser le lit. Parce que ce n’est pas parce qu’on découche, qu’on a forcément envie de dormir ensemble. J’ai trouvé ça adorable."
Vidéo. Premier Acte - Simon : "Prendre le risque d’être vus, ça rajoute une forme d’excitation"
Pour la liberté de prendre des risques
Depuis quelques jours, elle est soulagée : "Maintenant je peux le dire : il n’y a rien que j’ai attendu autant que la fin du couvre-feu. Même si j’ai pu reprendre mes rencontres plus ou moins comme avant, l’esprit n’était pas le même et je savais que je ne pourrais en théorie pas m’enfuir dans la nuit en cas de problème ou si je ne me sentais pas bien. Cette situation est le contraire de la liberté que je défends dans ma vie. Je ne supporte plus le sentiment d’être contrainte comme ça. Je comprends le principe de pandémie, les risques que ça peut représenter. Mais j’estime que j’ai le droit de prendre ces risques pour moi en connaissance de cause et voir des gens qui pensent comme moi. Pendant des mois, on nous a retiré ce droit. On a choisi pour nous. Je pense que je vais encore plus profiter de mon été, je me sens déjà revivre."