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Les amants du couvre-feu : "Le changement d’horaire, ça n’a rien changé"

Les amants du couvre-feu
Les amants du couvre-feu

Depuis le samedi 16 janvier, un couvre-feu est obligatoire à 18h dans toute la France. Dans Les amants du couvre-feu, célibataires et amants racontent comment ils arrivent à concilier contraintes sanitaires avec leurs vies amoureuses et sexuelles.

Si vous aussi vous voulez raconter vos belles histoires de vie, d'amitié et d'amour, vous pouvez envoyer un message à cette adresse : lucilebellan@gmail.com.

Hugo est en couple depuis un an, à Paris. Son histoire d’amour a commencé au début du confinement, via une application de rencontre : "On n’a jamais vraiment connu une période normale, légère. Elle est prof alors même l’été dernier elle était très stressée de sa rentrée et on n’a pas pu profiter comme j’aurais voulu. Après ça n’a été que du stress et des angoisses. Et de la colère aussi, contre l’organisation de son établissement et les consignes du gouvernement. Je l’aime et j’adore la voir, mais nos rendez-vous sont toujours compliqués à cause de ça. Il lui faut des heures pour se calmer et profiter du moment."

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Depuis le 19 mai dernier, le gouvernement a assoupli les règles du couvre-feu, le repoussant à 21h (au lieu de 19h), mais Hugo n’est pas plus soulagé : "On ne dort pas toujours ensemble parce que ce n’est pas simple pour nos tafs respectifs. Alors avec le couvre-feu à 19h heures, on organisait un peu à l’avance nos retrouvailles pour profiter au maximum. Deux fois par semaine, je m’arrangeais pour télétravailler et dormir chez elle. Normalement, je me débrouillerais pour rentrer chez moi dans la nuit ou lui proposer de faire la même chose en passant la soirée chez moi. Le changement d’horaire, ça n’a rien changé. Et les négociations pour le télétravail avec mon patron sont de plus en plus difficiles. Normalement, je suis le plus calme de nous deux, mais là, je commence à être à bout."

"Elle au bord de la dépression depuis des mois"

Les jours où cette organisation lui pèse trop, Hugo pense à la rupture : "Il m’est arrivé de penser à la quitter. Je me dis parfois qu’elle serait triste, mais qu’elle finirait par refaire sa vie dans des meilleures conditions pour elle. Moi, je me sens fatigué de toute cette organisation et de la sensation de ne pas maîtriser grand chose. À ce stade, on lutte aussi pour se faire vacciner, on attend les dates-clés choisies par le gouvernement. Mais ces annonces et ces actions ne nous assurent de rien. Si le nombre de malades ne baisse pas ou que ça repart, ça va recommencer encore. Et on devra à nouveau s’adapter. Je sais bien que ce n’est rien comparé aux gens qui perdent la vie ou à ceux qui perdent des proches. Mais je traverse une vraie période de lassitude. Et je vois la femme que j’aime être au bord de la dépression depuis des mois et je ne peux rien faire."

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Des vacances idéales

Hugo imagine tout de même qu’ils pourront profiter de l’été pour se retrouver un peu : "L’année dernière la pression avait été moins forte en été. Ma compagne pensait beaucoup à sa rentrée et était dans un état de stress important malgré les vacances. Je pense que ça ne va pas changer, mais je vais essayer de la soulager au maximum de ce stress en nous offrant des vacances idéales. Il y aura certainement des moments où elle va pleurer ou se mettre en colère, et peut-être que moi aussi, mais on sera dans un beau cadre, avec le soleil et la mer et des cocktails dans la main."

Changer de vie ?

Il espère également que la pandémie finisse par s’éloigner : "Ce serait fou de penser que sous prétexte qu’on vaccine à tour de bras, tout ça est derrière nous. Je lis régulièrement des articles de scientifiques qui parlent d’années à tenir. Mais je pense que si tout ça est amené à durer au-delà de cette année, on envisagera avec ma compagne de changer de vie. Je pense qu’elle ne peut pas continuer à être prof dans ces conditions et qu’on ne pourra pas continuer à avoir nos deux appartements séparés. Je rêve du monde d’après où on reprendrait nos habitudes et où on réapprendrait à vivre avec légèreté, mais s'il faut s’adapter durablement, on prendra les décisions qui s’imposent, plutôt que l’entre-deux de ces derniers mois, avec une organisation à trouver toutes les semaines, des autorisations, des couvre-feux à tenir... Je me suis encore plus senti en prison que pendant le premier confinement. Ça, je suis sûr de ne pas vouloir le revivre. Et je ne veux pas non plus que la femme que j’aime le revive."

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