Poly-Amours : Anne, 33 ans, amoureuse de deux hommes: "Au travail, j'ai été victime de harcèlement. Ils ont conclu que j'étais une sal*pe"

Anne a 33 ans. Elle est actuellement en couple avec deux hommes, dont un qu'elle a rencontré sur son lieu de travail. Lorsqu'elle a commencé à flirter avec son deuxième compagnon, ses collègues lui ont fait vivre un enfer. Elle témoigne aujourd'hui pour éveiller les consciences et mettre fin aux jugements.

Poly-Amours : Anne, 33 ans, amoureuse de deux hommes:
Poly-Amours : Anne, 33 ans, amoureuse de deux hommes: "Au travail, j'ai été victime de harcèlement. Ils ont conclu que j'étais une sal*pe"

Crédit : Getty

Anne a 33 ans et se définit comme polyamoureuse depuis un an : "J’étais en couple et je suis tombée amoureuse d’une autre personne en même temps. C’est l’histoire classique : le polyamour m’est tombé dessus. Malheureusement, j’ai fait cette rencontre au travail et ça a été très mal vu par mes collègues et mon supérieur hiérarchique. Ils ont pris ça pour une infidélité assumée au grand jour."

Des collègues pris en étau avec un conflit de loyauté

Avec le recul, Anne comprend pourquoi ses collègues ont fait cette méprise : "Il y a eu toute une façon où on s’est dragué ouvertement. Mes collègues connaissent bien mon conjoint. Certaines ont eu un conflit de loyauté. Une en particulier, a envoyé un message à mon mec pour lui dire qu’il se passait des choses au bureau et qu’elle ne se sentait pas de lui cacher ça. J’ai essayé de faire de la pédagogie mais je m’y suis prise trop tard. Le mal était fait. Pour la faire courte, ils ont juste conclu que j’étais une salope. Sur le coup et parce que j’étais sur mon petit nuage d’aimer un autre homme qui m’aimait en retour, je ne m’en suis pas occupée. C’est après que je me suis rendu compte des conséquences et que j’ai commencé à en souffrir."

Vidéo. Le grand A : polyamour

Anne avait pensé à tous les types de critiques sauf celui-là : "Quand je me suis découverte polyamoureuse, j’ai fait des recherches et j’ai vu que pour beaucoup la critique venait des proches ou de la famille. Moi, je n’ai pas pensé que ça pouvait être mal vu au travail. Avec mes parents et mes amis, ça s’est super bien passé. Même avec mon mec, tout s'est bien passé, alors que c'est aussi le premier concerné. Au travail, je me suis retrouvée la cible de harcèlement et je n’étais pas soutenue par ma hiérarchie. Comme c’était une histoire qui se passait avec quelqu’un du bureau, ils estimaient que j’étais en tort. On m’a clairement dit en rendez-vous que j’aurais juste dû me cacher. Que je n’avais pas été prudente. Ça a été une claque."

Un changement de vie radical

Anne garde son amoureux mais décide de changer de métier : "Je ne supportais pas l’idée de continuer à travailler avec ces gens. Il y avait eu trop de choses négatives de dites, trop de jugement. Certains espéraient des excuses publiques. D’autres ne m’ont jamais pardonnée. Alors qu’il n’y a rien à pardonner, en fait ! Ça a été des mois de souffrances mais j’ai rebondi. J’ai déterré un projet professionnel que j’avais et que j’espérais faire à côté de mon travail de bureau. Je me suis lancée dedans. C’est plus facile de gérer ses relations avec ses collègues quand on a pas de collègue. Je me suis lancée en freelance. Je ne regrette rien."

Pendant la période d’ajustement, Anne est soutenue par ses amoureux : Je suis encore avec les deux aujourd’hui. Ils m’ont soutenue quand ça allait mal au travail. Ils m’ont soutenue quand j’ai annoncé que j’allais quitter la boîte. Celui qui a été mon collègue n’est pas resté non plus, il n’a pas supporté la façon dont j’avais été traitée. On a composé autour de tout ça une vie conforme à nos valeurs, avec des gens qui nous aiment. Comme je l’ai dit, je n’ai jamais été jugée par mes amis et par ma famille. J’en suis encore plus reconnaissante que j’ai connu l’exact opposé. Je ne comprends encore pas comment on peut avoir ce genre de réactions en réponse à une relation entre adultes consentants et qui n’a aucune conséquence sur le travail à proprement parler. Je les imagine bien mettre une clause dans les contrats de travail depuis mon départ : pas de polyamour. J’arrive à en faire des blagues aujourd’hui mais pendant des mois, je n’ai été capable que de pleurer. Rien qu’entendre le nom de la boîte me faisait éclater en sanglots. Cette ambiance de cour de récré m’a traumatisée. Je témoigne pour que les gens se rendent compte que le jugement ne mène à rien de bon."

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