Poly-Amours : Karen, 46 ans : "J’ai les avantages de l’amour : toujours une personne avec qui sortir, avec qui partager du sexe..."
Avant de découvrir le polyamour, Karen, 46 ans, a eu deux grandes histoires d’amour dans sa vie. Aujourd'hui, la quadragénaire partage son quotidien avec deux hommes. Elle aime la liberté et le sentiment amoureux. Si Karen est en accord complet avec son nouveau mode de vie, elle a du moins une crainte : le jugement de ses enfants. Si vous aussi vous voulez raconter vos belles histoires de vie, d'amitié et d'amour, vous pouvez envoyer un message à cette adresse : lucilebellan@gmail.com.
Au regard des statistiques sur l’infidélité, de plus en plus de personnes se questionnent sur le bien-fondé d’une monogamie stricte ou sur la possibilité d’une histoire d’amour qui dure toute la vie. Les célibataires des années 2020 jonglent avec des codes qui rendent leurs vies amoureuses semées d’embuches. Parfois, un coup de coeur en simultanée d’une histoire pré-existante vient bouleverser les certitudes. Le polyamour est de plus en plus discuté, source de curiosité quand il n’est pas directement expérimenté. Rencontre avec des polyamoureux et polyamoureuses qui vivent cette alternative au quotidien.
Avant de découvrir le polyamour, Karen a eu deux grandes histoires d’amour dans sa vie : "Je suis tombée amoureuse au lycée et on est restés ensemble pendant 4 ans. C’est lui qui a choisi de me quitter quand ses études l’ont amené ailleurs et que je ne voulais pas suivre. Après ça, j’ai eu du mal à me reconstruire et j’ai commencé à avoir peur des hommes. J’ai fini par m’inscrire sur un site de rencontre et par me mettre en couple avec un homme que j’ai adoré pendant un peu plus de 10 ans. On a eu 2 enfants ensemble. J’ai été très heureuse dans ces histoires mais j’ai aussi eu du mal à supporter le moment de la rupture. J’en ai surtout retenu que j’aime être amoureuse, c’est comme ça que je me sens la plus vivante. J’en ai besoin comme d’air et d’eau. Après ma deuxième grande histoire, je ne me voyais pas rester célibataire longtemps. D’ailleurs, ça n’a pas été le cas, à peine 6 mois après on me parlait de polyamour pour la première fois et j’ai été vite convaincue."
Un rendez-vous qui change tout
Karen entend parler de polyamour au moment d’un rendez-vous avec un ami d’amie : "Elle m’avait dit "tu vas voir, il va te plaire" et elle avait raison. Il représentait physiquement tout ce que j’aime chez un homme. Mais c’est aussi la conversation qu’on a eue qui a changé ma vie. Il m’a parlé de polyamour parce que je lui ai dit que j’avais peur de me lancer dans une nouvelle grande histoire et que je ne savais pas si j’allais supporter une nouvelle rupture. Il m’en a parlé parce qu’il a pensé que c’était peut-être la solution pour moi, de ne pas tout faire peser sur une seule histoire et une seule personne. J’avoue qu’au départ, je me suis dit que ça ne ressemblait pas du tout à mon idéal romantique. Mais en quelques jours, l’idée a fait son chemin. Et quelques semaines après, j’étais convaincue. J’ai trouvé des femmes concernées sur internet et on a parlé ensemble, ce qui m’a fait beaucoup de bien. Après, ça n’a pas été simple non plus parce qu’il a fallu trouver les bonnes personnes pour vivre ça avec moi. Je crois que cette étape a pris un an."
Vidéo. Le grand A : polyamour
Karen a désormais deux hommes dans sa vie : "Je me suis mise en couple avec le premier homme qui m’a parlé de polyamour et avec un deuxième, que j’ai rencontré dans le cadre de mon travail. Mes enfants sont grands donc ils ne sont au courant de rien de ce que je vis, je préfère que ça reste mon jardin secret pour le moment. Je vis un peu en célibataire parce que j’ai gardé ma maison et que je ne partage le quotidien avec personne, à part avec mes enfants, et j’ai les avantages de l’amour parce que j’ai toujours une personne avec qui sortir, avec qui partager du sexe ou des bons moments. Les deux hommes de ma vie actuelle se complètent et ça me fait beaucoup de bien d’avoir aussi des moments à moi. C’est ce qui me manquait le plus avant, dans mes histoires précédentes, sans que je m’en rende vraiment compte. Cette liberté là, elle n’a pas de prix. Avoir deux hommes dans ma vie m’a appris à mieux gérer mes sentiments mais également à profiter du temps que je peux passer toute seule."
La grande officialisation
Dans le futur, Karen espère pouvoir présenter ses amoureux à ses enfants : "Ce qui me manque aujourd’hui c’est des moments où toutes les personnes que j’aime sont réunies autour de moi. J’espère qu’on pourra faire ça un jour. J’ai un peu peur d’en parler aux enfants parce que j’ai peur de leur jugement. Ils sont à un âge où on a le jugement facile et ils me voient évidemment d’une certaine manière qui ne correspond plus à ce que je suis aujourd’hui. Mais je ne désespère pas. Je laisse mes relations murir aussi. Ce qui serait beau ce serait que pour mes 50 ans on puisse faire quelque chose tous ensemble. C’est dans 4 ans, ça me parait réaliste. D’ici là, j’aurais trouvé le courage de parler à mes enfants et de les préparer à la grande rencontre. Je crois qu’ils seront sensibles au fait que je suis heureuse. Pour moi c’est l’élément qui prouve que j’ai bien raison de vivre comme je vis : je suis heureuse."
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