Roméo, 34 ans : "J’ai quitté la femme que j’aime parce qu’elle était tout le temps malade"

Roméo pensait avoir trouvé la femme de sa vie. En emménageant avec sa compagne, il découvre qu'elle est atteinte d'une forme sévère d'endométriose. Le quotidien à ses côtés devient insurmontable. Même s'il est amoureux, le trentenaire prend la décision de la quitter.

Roméo, 34 ans :
Roméo, 34 ans : "J’ai quitté la femme que j’aime parce qu’elle était tout le temps malade" . Crédit : Getty

Roméo a passé un an en couple avec une femme malade : "Au début de notre relation, elle n’en parlait pas trop. Je savais qu’elle avait des douleurs parfois. Mais elle me parlait de ses règles donc je me disais que c’était normal. Pendant quelques jours par mois, je ne la voyais pas. Ça s’est compliqué quand on a décidé de vivre ensemble. Elle n’a jamais pris le temps de m’en parler, de m’expliquer. Pour ça, je lui en veux. Je pense que j’aurais fait d’autres choix si j’avais été au courant. Surtout que sa maladie concerne d’autres choses très importantes comme sa capacité à avoir des enfants. Je pense que c’est pas quelque chose qu’on doit cacher à la personne qu’on aime. Elle savait que j’en voulais. Là-dessus, aussi, j’estime avoir été trompé. Mais j’étais fou amoureux. Alors quand elle allait mal, j’étais juste en empathie avec elle. Je ne me posais pas de questions."

Après avoir emménagé avec sa compagne, Roméo apprend qu’elle souffre d’endométriose : "Elle le savait déjà avant parce qu’elle avait vu des médecins. Mais elle ne m’en avait pas parlé. Au quotidien, je la voyais souffrir beaucoup plus que quand on se voyait juste en soirée ou les week-ends. Je voyais aussi à quel point ça pouvait avoir des conséquences sur sa vie, le fait qu’elle ne pouvait pas manger ce qu’elle voulait, faire ce qu’elle voulait. Le fait qu’elle doive se reposer souvent. J’ai endossé un rôle d’infirmière que je n’ai pas aimé avoir. Mais, encore une fois, j’étais amoureux. Sans la maladie, je suis convaincu que cette femme est la femme de ma vie. J’ai quitté la femme que j’aime parce qu’elle était tout le temps malade. Mais, j’ai surtout quitté la maladie en fait. C’est comme ça que je le vois. C’est cette vie que j’ai refusée. Surtout dans les débuts, on a besoin de rêver, de partager des beaux moments, de se faire des souvenirs. Avec elle, même si j’étais bien avec elle, on ne parlait que de trucs durs, de trucs de santé, de ses symptômes. Ça ne fait pas rêver. Et puis son corps changeait aussi. En quelques mois, je l’ai vu prendre du poids, prendre du ventre. Ça a commencé à me manger la tête. Je me demandais quand est-ce que ça allait s’arrêter, si ça allait s’arrêter. Si j’allais la reconnaître à la fin. Je ne supportais pas de la voir changer et s’abimer. Je savais que j’allais finir par devenir méchant, moins bien m’occuper d’elle, donc j’ai décidé de partir avant que tout soit bien fini. Ça m’a fait du mal mais je ne regrette pas. Je pense au temps que je lui ai fait gagné et je me dis que j’ai bien fait.".

"Je sais qu'elle a trouvé un mec à qui la maladie ne dérange pas"

Roméo prend parfois des nouvelles de son ex-compagne : "Quand je lui ai dit que je la quittais, elle m’a répondu qu’elle comprenait. Ça a été plus facile pour moi parce que j’ai entendu ça. C’est comme si elle me donnait la permission de partir. Depuis, on a gardé le contact. De temps en temps, je lui envoie un message pour lui demander comment ça va. Elle répond toujours que tout va bien. Je sais qu’elle me ment, mais ça ne me dérange pas. Elle n’a pas besoin de tout me dire. Je sais qu’elle a trouvé quelqu’un depuis. Elle a trouvé un mec à qui ça ne dérange pas et qui s’occupe bien d’elle. Je pense que ce n’est pas pour tout le monde de vivre une vie comme ça. Moi, je ne sais pas faire. Je suis prêt à m’occuper de mes enfants, mais pas de mes enfants et de ma femme. J’ai besoin d’être en couple avec quelqu’un qui se gère un minimum. Et puis, j’ai besoin de vivre, surtout. Je suis trop jeune pour tout sacrifier comme ça. J’ai envie d’une femme que je peux sortir, qui profite avec moi. Je crois que ça m’a tapé sur le système de ne jamais pouvoir rien faire pour la soulager vraiment. Que je sois là ou pas, ça ne changeait rien. En tout cas, c’est ce que je pense. Elle avait mal avec moi, elle a certainement eu mal sans moi et elle doit encore avoir mal alors qu’elle est avec un autre. Ça ne change pas. C’était trop pour moi. C’est une femme géniale mais sa maladie, c’était trop. J’étais prêt à signer pour tout avec elle, mais pas avec ça.".

Les femmes auraient 6 fois plus de chances de se faire quitter si ce sont elles qui sont malades, selon une étude américaine de 2017. Si l’on peut imaginer le désarroi des personnes, déjà vulnérables, qui se font quitter, comment comprendre la personne qui fait le choix de partir ? Conscientes de voir leur choix jugé, certaines personnes concernées ont tout de même accepté de témoigner. Voici leurs histoires. Si vous aussi vous voulez raconter vos histoires exceptionnelles, vous pouvez envoyer un message à cette adresse : lucilebellan@gmail.com.

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