Sara Martins a dû abandonner la danse, son premier amour, à cause de sa couleur de peau

Au casting de la série "Alexandra Ehle" dont le premier épisode de la saison 3 est diffusé ce mardi 10 octobre sur France 3, l'actrice Sara Martins, née au Portugal, est arrivée en France à l'âge de 3 ans. Bien avant de se passionner pour la comédie, elle se dédie à la danse. Malheureusement, elle a dû abandonner son premier amour à cause de sa couleur de peau...

ANGOULEME, FRANCE - AUGUST 26:  Sara Martins attends 9th Angouleme French-Speaking Film Festival on August 26, 2016 in Angouleme, France.  (Photo by Sylvain Lefevre/Getty Images)
Sara Martins a dû abandonner la danse, son premier amour, à cause de sa couleur de peau. (Photo by Sylvain Lefevre/Getty Images)

Sara Martins est née à Faro, au sud du Portugal, en 1977. Sa mère est d'origine française et son père d'origine capverdienne. À 3 ans, sa famille s'installe en France et la fillette découvre rapidement la danse. Cette discipline est pour elle une passion et un bon moyen d'expression, elle est donc inscrite à l'Opéra de Lyon. "Il y avait 6 places par an pour des cours gratuits et ma mère a fait la queue dès 6h du matin pour avoir une place pour sa fille !", s'est-elle souvenue lors d'une interview accordée au média Le Prescripteur, en 2018. Mais, alors que pour pouvoir progresser et devenir danseuse étoile, elle doit se rendre à l'Opéra de Paris, son élan a été stoppé net.

"Je ne voudrais pas qu'on puisse dire ça à nos enfants à l'avenir"

Comme Sara Martins l'a confié au média afrosomething en 2012, les danseuses doivent être interchangeables et aucune danseuse noire ne faisait encore partie de l'Opéra. À cause de sa couleur de peau, elle a donc été contrainte de choisir une autre voie artistique, qu'elle commence à étudier au lycée. "J’ai eu cette chance incroyable de rencontrer Roger Planchon, directeur du TNP (Théâtre National Populaire; ndlr), qui avait besoin, je cite, d’une 'jeune fille de couleur'. Il se trouve que c’était un rôle muet donc mon parcours de danseuse était parfait. J’ai donc joué cette pièce à 18 ans", a expliqué l'actrice au site Le Prescripteur.

En parallèle, elle entame des études de droit, où on lui fait sentir qu'elle n'aura pas les mêmes chances que les autres étudiants (elle a néanmoins décroché un DEUG) : "J'ai fait un petit détour par la fac de droit et on nous dit très souvent 'Laisse tomber, on ne te laissera pas la place'. Et ça, ce n'est tellement plus possible. (...) Ce genre de discours, de pensées limitantes, sont encore très présents. (...) Je ne voudrais pas qu'on puisse dire ça à nos enfants à l'avenir", s'est-elle désolée face aux caméras de TV5 Monde, dans l'émission "7 jours sur la planète", en 2018.

"Je veux que les films représentent ce que je vois dans le métro !"

Dans le cinéma également, la voie que Sara Martins a finalement choisie, les clichés peuvent coller à la peau des personnes racisées. Pour y échapper, elle a beaucoup tourné dans des téléfilms d'enquêtes policière. "Il y a vingt ans, 80 % des séries étaient sur les enquêtes policières ou les hôpitaux. Très vite, c’est le genre de rôle qu’on m’a proposé. Mais c’est très bizarre parce que je ne me reconnais pas du tout là-dedans. J’aimerais bien faire des comédis romantiques ! (rires) En tout cas, on pouvait voir dans ces films une femme noire qui n’était ni une femme de ménage, ni une immigrée."

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Engagée, l'actrice a par ailleurs contribué à un ouvrage collectif de témoignages, "Noire n'est pas mon métier", qui a pour but de "réveiller les consciences sur les clichés qui subsistent et qui n’ont plus lieu d’être aujourd’hui sur les actrices noires dans le cinéma français." "Il y a beaucoup de choses qui ne me choquaient pas auparavant : je trouvais ça normal de ne pas avoir le premier rôle. Peut-être qu’il y a cinquante ans, c’était plus réaliste que j’aie le rôle de l’infirmière et pas celui de la médecin, mais plus maintenant ! Il n’y a plus de raisons de cantonner les noires dans des rôles sombres, dramatiques sur l’esclavage, la pauvreté… (...) Je veux que les films représentent ce que je vois dans le métro !"

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