Publicité

Wokefishing : "Son délire, c'était de mentir pour se taper des féministes"

Doubting dissatisfied man looking at woman, bad first date concept, young couple sitting at table in cafe, talking, bad first impression, new acquaintance in public place, unpleasant conversation
Le wokefishing pousse 23% des hommes à mentir sur ses convictions politiques pour séduire. © Getty Images

Parce que certaines personnes refusent d'avoir des relations (amoureuses ou sexuelles) avec quelqu'un qui ne partage pas leurs opinions politiques, d'autres n'hésitent pas à mentir sur les leurs. Cette pratique s'appelle le wokefishing, et pour les personnes qui s'y sont retrouvées confrontées, cela n'est pas facile à vivre.

L'élection présidentielle de 2022 approche et dans quelques jours, les Françaises et les Français auront rendez-vous dans les isoloirs pour choisir le prochain président ou la prochaine présidente de la République. Alors forcément, ces jours-ci, les discussions politiques sont plus présentes que jamais. Et cela peut poser problème au sein de certains couples. Surtout quand on découvre que son ou sa partenaire appartient à un bord totalement différent.

Aujourd'hui, de plus en plus de personnes considèrent d'ailleurs la politique comme un point essentiel au moment de faire des rencontres. C'est ce qui ressort d'un sondage Ifop en partenariat avec Gleeden. Non seulement 70% des femmes refusent toute idée de relation avec un électeur d'Eric Zemmour, mais en prime, 38% des Français préféreraient ne pas approfondir une relation avec quelqu'un qui aurait des opinions politiques différentes des leurs. Un chiffre qui grimpe jusqu'à 56% chez les moins de 25 ans !

"Il m'a menti sur ses opinions politiques pour me mettre dans son lit"

L'importance de la politique est telle que de plus en plus d'applications et de sites de rencontre proposent à leurs adhérents d'indiquer leur bord politique sur leur profil. Mais pour séduire, certaines personnes n'hésitent pas à mentir et à utiliser la technique dite du "wokefishing", c'est-à-dire mentir sur ses convictions pour sortir ou coucher avec une personne. "La proportion de personnes reconnaissant s’être fait passer pour quelqu'un de progressiste (ex : féministe, LGBTfriendly, antiraciste…) étant trois fois plus forte dans la gent masculine (16%) que féminine (6%)", précise l'enquête de l'Ifop. Et de préciser que "près d'un homme sur quatre (23%, contre 15% de femmes) admet avoir déjà dissimulé ses convictions politiques afin de séduire quelqu'un."

Cette pratique, Malia y a déjà été confrontée. "Je suis d'origine africaine, je suis noire, et je sais que pour les personnes de couleur, les applis ne sont pas toujours un endroit sain, puisqu'il faut naviguer entre les racistes et les fétichistes. Et malheureusement, je suis tombée sur le deuxième cas, et je me suis bien faite avoir !" La jeune femme, âgée de 28 ans, est tombée sur un homme de 32 ans qui prétendait voter très à gauche et être engagé dans plusieurs collectifs militants.

"Au début, tout allait bien. Au premier rendez-vous, on a parlé de notre amour commun pour Poutou, parlé des violences policières et du racisme ambiant. Même s'il était blanc, je pensais au moins être tombé sur un allié." La jeune femme déchante au bout de quelques semaines de relation : "Son attitude a commencé à changer petit à petit, comme s'il se relâchait. Quand il a commencé à parler de ses anciennes conquêtes en parlant de "beurettes" (terme sexiste et pour désigner une femme d'origine arabe, ndlr) et de "blackos", ça a été le premier red flag. J'ai mené mon enquête, et j'ai découvert que sa passion, c'était de baiser des femmes racisées pour leur imposer des pratiques dégradantes et de s'en vanter auprès de ses copains d'extrême droite..."

"Il voulait uniquement se taper des féministes"

Se servir de sa sexualité comme une arme d'humiliation ? Cette attitude n'est pas rare, et explique notamment la propension de certaines personnes à insulter les femmes dans la rue ou à leur envoyer des photos de leur sexe en érection. Et malheureusement, au même titre que Malia, Joséphine en a été victime. La situation de cette dernière est évidemment différente, puisque Joséphine est une femme blanche, qui n'est donc pas confrontée au racisme et au fétichisme autour de sa couleur de peau. Toutefois, en tant que féministe, elle constate que les adeptes du "wokefishing" ne sont pas rares.

"Dans notre milieu, on les appelle des "profems", des mecs qui se disent ouvertement féministes, se font passer pour des alliés, mais qui s'approprient en réalité des discours de femmes pour mieux séduire... Alors qu'ils ne partagent pas du tout nos valeurs !" Depuis une mésaventure, la trentenaire se méfie particulièrement des hommes qui affirment être féministes. "J'ai couché avec un mec, et en discutant avec d'autres militantes, j'ai découvert qu'il avait mis la moitié de mon cercle proche dans son lit."

Très énervée, la jeune femme a décidé de se rapprocher de certaines personnes ayant fréquenté son ex-amant pour en savoir plus sur lui. "Derrière la belle façade d'allié, il y a un mec qui ment sur ses valeurs pour coucher. Une de ses anciennes amies m'a dit qu'il votait à droite, qu'il était contre le mariage pour tous, que l'égalité homme-femme était une forme de discrimination... Et que son délire, c'était de mentir pour se taper des féministes." Pourquoi ? Difficile à expliquer pour Joséphine. "Je crois qu'il était aussi dégoûté que fasciné par ce mouvement, et qu'en tant que bon mascu qui se respecte, l'idée de mettre sa bite dans une femme qui se bat pour ses droits alors que lui se bat pour le contraire, était super bandante..." Charmant.

Étude Ifop pour Gleeden réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 14 au 17 mars 2022 auprès de 2 002 personnes âgées de 18 ans et plus.

A LIRE AUSSI

>> Sexe et politique : "Coucher avec une personne de droite, c'est coucher avec l'ennemi"

>> Nombre idéal de partenaires sexuels : "On m'a reproché de ne pas assez profiter de ma jeunesse pour coucher à droite à gauche"

>> La soumission féminine en recul : "Je pensais être soumise, mais c'est simplement ce que mes partenaires attendaient de moi"