Béatrice Dalle tacle le mouvement #MeToo : "Je n’ai pas envie de respecter celles qui se tiennent mal, qui ont pris parti pour ce mouvement-là"
Invitée dans l'émission "Clique" sur Canal +, ce lundi 8 avril, l'actrice Béatrice Dalle est revenue sur le mouvement #MeToo et a tenu des propos polémiques à ce sujet.
L'actrice Béatrice Dalle était l'invitée de l'émission "Clique", sur Canal +, ce lundi 8 avril. Interrogée par Mouloud Achour sur le mouvement #MeToo et plus particulièrement sur le producteur Harvey Weinsten, qu'elle a rencontré, la comédienne n'a, comme à son habitude, pas pris de gants pour dire le fond de sa pensée, quitte à blesser certaines femmes.
"Toutes les actrices qui l'accusent, ça me fait un peu rire"
Bétarice Dalle a ainsi estimé que ce serait le statut des accusatrices d'Harvey Weinstein qui leur aurait permis de témoigner. "Je ne comprends pas très bien. Quand Harvey Weinstein est tombé (près d'une centaine de femmes l'ont accusé de harcèlement, d'agression sexuelle, ou de viol et il a été condamné à vingt-trois ans de prison en 2020 pour viol et agression sexuelle puis à seize ans de prison en 2023 pour des motifs similaires ; ndlr) très bien, mais après toutes les actrices qui montaient les marches de Cannes, et qui l’accusent, ça me fait un peu rire quand même parce que je me dis qu’une femme, quand elle a vraiment peur de perdre son travail, qui est une mère de famille, qui peut accepter des choses, qui n’ose pas en parler (…) le mec est tellement puissant. Il y a aussi un rapport super tendancieux où on n’a quand même pas envie de se griller avec lui." Pourtant, même s'il faut reconnaître qu'il peut être plus aisé de prendre la parole lorsque l'on est connue, de nombreuses actrices ont expliqué que, malgré leur "statut", c'est bien la peur de perdre leur travail qui les a poussées à garder le silence aussi longtemps.
La star de "37°2 le matin" a ensuite expliqué comment elle aurait réagi selon elle si le producteur américain avait tenté de l'agresser. "Moi, s’il s’était mal comporté un seul instant, c’était une patate dans sa g*eule avec ses 83 Oscars, mais il se trouve que je l’ai rencontré plein de fois et je n’ai jamais eu la moindre chose" a-t-elle raconté.
Vidéo. La minute de Béatrice Dalle
"Après, ne viens pas pleurer"
Béatrice Dalle a également estimé que certaines actrices qui ont dénoncé Harvey Weinstein n'ont pas fait elles-mêmes leur auto-critique. "Certaines qui ont parlé, et j’en connais une en particulier qui était une amie à moi. Tu te dis 'C’est toi qui lances un mouvement comme ça ? Tu oublies des choses.' Je n’ai pas envie de respecter celles aussi qui se tiennent mal, enfin qui ont pris parti pour ce mouvement-là. (…) Après, tu as envie de b*iser utile, il n’y a pas de problème, c’est ta vie, mais après ne viens pas pleurer quoi." Des propos controversés dont elle a l'habitude mais qui ne devraient pas manquer de faire réagir.
Dans l'Hexagone, où moins de 1% des viols ou tentatives de viols sont condamnés, ces phrases risquent de faire grincer des dents. D'autant plus lorsque l'on connaît la difficulté de reconnaître et d'accepter soi-même son statut de victime et d'aller potentiellement ensuite livrer son récit aux autorités (qui sont encore très peu formées sur ces questions).
"En France, le mouvement a eu un impact très fort mais il y a encore des résistances sociétales énormes. Dès qu'on parle des hommes, il y a des contre-feux qui se mettent immédiatement en place pour dire "attention à ce que vous dites, ça pourrait ternir leur image". (...) Dans les cas de Gérald Darmanin, Luc Besson ou Roman Polanski on voit qu'à chaque fois qu'une femme porte plainte, on se demande si c'est bien vrai, on cherche toujours à minimiser. Elles doivent se justifier, argumenter. On demande toujours : pourquoi n'ont-elles pas dit les choses avant ? On les soupçonne de vouloir se venger de quelque chose : il y a une mise en doute systématique de leur témoignage", a analysé Chris Blache, spécialiste des questions de genre et de territoires pour Franceinfo en 2018, soit un an à peine après le début du mouvement #MeToo.
"Il veut te rouler une pelle, c'est ton grand-père !"
Béatrice Dalle a elle-même été victime d'agression sexuelle lorsqu'elle était plus jeune, à l'âge de 6 ans. Plus précisément d'inceste, puisque c'est son grand-père qui l'a agressée. "Mon grand-père était un vieux fumier, mais bon ça ne m’a pas abattue pour autant. C’est un vieux dégueulasse. Tu le confies à ta famille, en plus on me traite de menteuse. Ce n’est pas grave. Je suis plus balèze que vous tous réunis" a-t-elle déclaré dans "Clique".
L'actrice s'était déjà confiée sur cet événement traumatisant de sa vie sur France 5, en 2023 à l'occasion de la diffusion d'un documentaire qui lui était consacré : "Le vieux, il était dans le jardin, il te touche ! Je me demande comment j'ai pu aimer les hommes après tellement c'est ignoble, que ton grand-père, il te chope dans le jardin." Elle s'est ensuite souvenue que son grand-père lui disait : "'On va se faire un bisou d'amoureux.' Il veut te rouler une pelle, c'est ton grand-père ! (...) Moi, je n'aime pas l'idée d'être une victime. Et il y a un moment, j'en ai eu marre, je me suis barrée. Et tu pouvais faire ce que tu voulais, tu ne m'aurais pas retenue."
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