Vanessa Ballan, 26 ans, enceinte et poignardée à mort : en Italie, les féminicides s'enchaînent et provoquent une vague d'indignation

Les féminicides successifs de Giulia Cecchettin, une étudiante de 22 ans tuée par son ex petit ami, et de Vanessa Ballan, 26 ans, poignardée à mort alors qu'elle était enceinte, ont ému l'Italie, provoquant une vague d'indignation dans le pays.

ROME, ITALY - NOVEMBER 25: A demonstrator holds a sign that reads:
Vanessa Ballan, 26 ans, enceinte et poignardée à mort : en Italie, les féminicides s'enchaînent et provoquent une vague d'indignation. (Photo by Stefano Montesi - Corbis/Getty Images)

Le 11 novembre, le féminicide de Giulia Cecchettin, une étudiante de 22 ans tuée par son ex petit ami, qui n'a pas supporté leur rupture, a ému l'Italie. La jeune femme était sur le point d'obtenir son diplôme universitaire en génie biomédical. Filippo Turetta a avoué avoir tué son ex compagne à coups de couteau après son arrestation. Les funérailles de l'étudiante, qui ont eu lieu à Padoue, dans le nord de l'Italie, ont réuni des milliers de personnes et retransmises à la télévision publique. Gino, le père de la victime a plaidé durant la cérémonie pour que la mort de sa fille marque un tournant dans la lutte contre les abus et les meurtres de femmes dans le pays.

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Un message entendu, puisque cette tragédie est parvenue à ouvrir le dialogue sur tout le territoire quant aux causes systémiques des violences faites aux femmes et au patriarcat. Il s'agissait du 106e féminicide de l'année. Justement, Elena Cecchettin, la sœur de la défunte, se bat désormais pour que soit reconnu la circonstance aggravante que ce crime a été commis par un homme contre une femme, soit qu’il s’agit d’un féminicide, une notion qui n’existe pas dans le droit italien.

L'affaire a fait la Une de l'actualité italienne ces dernières semaines et a donné lieu à d'importantes manifestations dans plusieurs villes du pays, ce qui a conduit la présidente du Conseil des ministres, Giorgia Meloni, à promettre de renforcer la protection des femmes. Pas vraiment désignée dans le pays comme "féministe" -sa devise est "Dieu, famille, patrie"- la chef du gouvernement a promis une nouvelle campagne d'éducation dans les écoles pour lutter contre ce qu'elle décrit comme une culture de violence misogyne encore omniprésente en Italie.

Un autre féminicide sanglant

Seulement quelques semaines après le féminicide qui a tiré la sonnette d'alarme sur la condition des Italiennes, le pays apprend avec horreur la mort de Vanessa Ballan, une jeune femme de 26 ans enceinte de quelques mois, poignardée à mort sur le pas de sa porte, dans la banlieue de Trévise, dans le nord-est de l'Italie. Le 19 décembre, un citoyen Kosovar de 40 ans se serait jeté sur Vanessa Ballan, il l'aurait frappée et l'aurait poignardée au moins sept fois. L'agresseur l'aurait ensuite laissée dans une mare de sang et se serait enfui. Il a été arrêté en fin de soirée.

Le meurtrier présumé connaissait sa victime, puisqu'il était un client du supermarché où elle travaillait. Cette dernière avait déjà dénoncé le harcèlement de cet homme par le passé. Le compagnon de Vanessa Ballan était présent au domicile lorsque les faits se sont produits. Le couple était déjà parent d'un enfant de 4 ans.

"Mettre fin à ce massacre"

Cet énième féminicide, après celui de Giulia Cecchettin, n'a pas manqué de faire réagir la classe politique. Le président de la Vénétie (région du nord-est de l'Italie, où se sont déroulés les faits), Luca Zaia, a ainsi déclaré : "Nous sommes face à un féminicide aux contours dramatiques : deux victimes, une mère et son bébé, ont été tuées de façon barbare. Tout cela quelques jours seulement après les funérailles de Giulia Cecchettin. (...) Je peux d'ores et déjà annoncer que je donnerai mandat à la région de Vénétie de décréter un deuil régional le jour des funérailles de Vanessa Ballan."

"C'est avec douleur, horreur et colère que j'apprends qu'un nouveau féminicide a eu lieu à Riese Pio X, dans la province de Trévise. La blessure de ce qui est arrivé à Giulia Cecchettin et à des dizaines d'autres femmes est encore fraîche en nous, et une fois de plus notre territoire devient le théâtre de la violence mortelle d'un homme contre une femme", a pour sa part réagi Rachele Scarpa, députée du Parti démocrate. "Je tiens à exprimer mes plus sincères condoléances à la famille et aux proches de la victime et à réitérer la nécessité de s'engager à mettre fin à ce massacre, consciente que les mots ne suffisent plus. Nous devons agir immédiatement, maintenant, je ne sais pas ce qui doit encore se passer pour que nous prenions conscience de la priorité absolue de ce problème."

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