Nicole Ferroni engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes : "On écoute les femmes victimes, mais on ne leur propose pas de solution"

Humorist Nicole Ferroni Photographed in PARIS (Photo by Eric Fougere/VIP Images/Corbis via Getty Images)
Nicole Ferroni engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes : "On écoute les femmes victimes, mais on ne leur propose pas de solution". (Photo by Eric Fougere/VIP Images/Corbis via Getty Images)

Ce lundi 24 avril, la 34e édition de "La nuit des Molières", qui célèbre le théâtre, sera présentée par le dramaturge et metteur en scène Alexis Michalik et diffusée sur France 3. Nicole Ferroni, humoriste et comédienne, l'accompagnera à la présentation, avec d'autres personnalités. Engagée, la quadragénaire n'hésite pas à profiter du feu des projecteurs pour parler des causes qui lui tiennent à coeur, à l'instar des violences conjugales, qu'elle s'évertue à dénoncer.

"J'ai vraiment envie de changer le monde." Les intentions de la comédienne et humoriste Nicole Ferroni sont claires et ambitieuses. Comme elle l'a confié à 20 minutes, en 2017, celle qui a un temps enseigné la SVT, espère, grâce à son métier artistique, se faire le porte-voix de combats qu'elle a chevillés au corps. "Avec mes chroniques et vidéos, je dis juste à la classe politique que je la regarde. Que je vais me renseigner sur ton vote, là, et je vais dire à tes électeurs que tu signes des trucs tout pourris. C’est le seul pouvoir que j’ai", a-t-elle poursuivi.

Vidéo. Nicole Ferroni - Qui est l'humoriste ?

"On ne peut pas laisser autant d’escaliers amener autant de femmes sous terre"

Ainsi, Nicole Ferroni s'est plusieurs fois exprimée, via des sketches notamment, sur la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. En 2016, une vidéo postée d'abord sur Facebook, dans laquelle elle se met en scène à l'occasion de la journée internationale de la lutte contre les violences faites aux femmes, a eu un succès assez retentissant, relayée entre autres par le collectif féministe "Nous Toutes".

Elle a endossé ainsi la peau d'un de ses personnages, Stéphanie, une institutrice sudiste de maternelle. "Pourquoi, sur les 23 000 femmes victimes de violences conjugales chaque année, 40 % déclarent que les violences redoublent quand elles sont enceintes ?" s'est-elle interrogée. Elle rapporte ensuite une histoire, celle de la petite Leni, élève dans la classe de son personnage Stéphanie, et de sa mère. Cette dernière a les bras couverts de bleus. Elle raconte être tombée dans l'escalier. "C’est quoi le modèle de votre escalier ?" demande Stéphanie, avant de rajouter : "En fait, le modèle, je le connais… Il a une moustache, une belle situation, une face d’hypocrite, c’est son conjoint..." L'humoriste finit par conclure : "On ne peut pas laisser chaque année autant d’escaliers amener autant de femmes sous terre."

Malheureusement, dans une interview pour Women Today, l'humoriste a regretté que son sketch à succès n'est pas inspiré d'actions concrètes. "Les réactions qui suivent ma vidéo sur Facebook traduisent le fait qu’on écoute les femmes victimes mais qu’on ne leur propose pas de solution d’hébergement d’urgence pour pouvoir quitter leur domicile. Alors c’est important de dire les choses. (...) Je regrette qu’il n’y ait ensuite pas plus de réactions politiques..."

"Après une année de cause nationale, on n'a pas fait mieux, on a fait pire"

En 2019 également, Nicole Ferroni s'exprime à nouveau sur le sujet. Au micro de France Inter, où elle a longtemps officié dans la matinale en tant que chroniqueuse, Nicole Ferroni évoque le Grenelle de lutte contre les violences conjugales. Alors qu'elle mentionne le travail d'une association d'accueil de victimes, sur le point de fermer, la comédienne se questionne : "Je me disais que, pour une année "grande cause nationale", c'était bizarre qu'il n'y ait pas plus de budget. (...) Est-ce que l'important c'est de financer des choses utiles, ou seulement des choses utilisables sur le plan com' ?"

Et de poursuivre : "C'est pas très logique qu'après une année de cause nationale (en 2018, le gouvernement d'Édouard Phillippe avait décrété que la lutte contre les violences faites aux femmes serait une Grande cause nationale, qui s’inscrivait alors dans le cadre de la grande cause du quinquennat d'Emmanuel Macron sur l'égalité entre les femmes et les hommes; ndlr) on n'ait pas fait mieux, on ait fait pire. Faire connaître le 39 19 (numéro d'urgence mis à la disposition des femmes victimes de violences; ndlr), c'est essentiel car c'est le premier pas, mais derrière espérons que leur chemin ne soit plus pavé d'intentions mais de moyens."

Vidéo. Déclic - Marie (Collage Feminicides Paris) : "Des femmes victimes de violence nous disent : 'À force de lire les messages sur les murs, je suis allée porter plainte'"

Un nombre record de féminicides en 2019

Dans son entretien pour Women Today, l'humoriste s'est d'ailleurs désolée : "C’est désespérant de constater que l’année 2019, où l’on a promulgué la lutte contre les violences conjugales cause nationale, a également été celle où l’on a enregistré le nombre record de féminicides…". En effet, en 2019, le collectif Féminicides par compagnons ou ex, un collectif regroupant des bénévoles féministes, a recensé 149 féminicides, soit 29 de plus que l'année précédente.

Aujourd'hui encore, il est plus que nécessaire de se mobiliser contre les violences faites aux femmes : ainsi, depuis le début de l'année 2023, 37 femmes sont mortes, tuées par leur compagnon ou leur ex, selon le collectif Féminicides par compagnons ou ex.

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