Histoires de femmes infidèles : "Je prenais des médicaments pour ne pas me foutre en l'air. Mon amant m'a sauvée la vie"
En mars 2019, le profil de la femme infidèle type était partagé par un site de rencontres spécialisé : 37 ans en moyenne, cadre supérieure, citadine, mariée depuis plus de cinq ans et mère de deux enfants. Différentes études tendent également à montrer que de plus en plus de femmes se tournent vers l'infidélité (elles étaient 31% à déclarer avoir déjà trompé en 2014, elles étaient 33% en 2016). Qui sont ces femmes ? Quelles sont leurs motivations ? Comment organisent-elles leurs vies ? Ce seront les questions que nous avons voulu poser à certaines d'entre elles. Si vous aussi vous voulez raconter vos belles histoires de vie, d'amitié et d'amour, vous pouvez envoyer un message à cette adresse : lucilebellan@gmail.com.
Véronique a 61 ans. Elle est mariée depuis 27 ans et mère de deux filles. C’est à la suite d’une dépression qu’elle décide de devenir infidèle : "J’ai toujours été fidèle et j’ai tout sacrifié pour ma famille. J’ai travaillé à mi-temps pour m’occuper de mes filles quand elles étaient petites. J’ai toujours veillé à ce que mon mari ait la vie la plus confortable possible. Et puis, il y a 2 ans, j’ai commencé à m’éteindre tout doucement. Je n’avais plus envie de faire des choses pour moi, je ne faisais que mener ma vie selon des listes de choses à faire. J’avais l’impression de ne plus exister, je ne me sentais plus femme. Même sexuellement, j’ai toujours été à l’écoute de mon mari et lui assez peu de moi. Je ne supportais plus de me passer de la crème, je passais mon temps habillée, en pyjama ou en tenue d’intérieur. L’idée d’avoir un corps est devenue insupportable. Mes filles se sont inquiétées et m’ont conseillé d’aller voir un psy. Ce que j’ai fait pour leur faire plaisir. Ça s’est soldé par un diagnostic de dépression et une ordonnance de médicaments."
Un changement nécessaire
Quelques mois de thérapie plus tard, Véronique prend conscience qu’elle va devoir changer des choses dans sa vie : "La thérapie et les médicaments, ça ne suffisait pas. Ça suffisait pour que je ne me foute pas en l’air mais pas pour que je sois heureuse. J’ai réalisé que je n’avais pas de vie du tout et aucune notion de plaisir au quotidien. J’avais envie d’aventure et de plaisir alors j’ai cherché à dialoguer avec des inconnus sur des applications de rencontre. C’est là que j’ai trouvé celui qui allait me faire renaître."
Vidéo. "L'infidélité féminine est plus courant qu'on ne l'imagine"
Son amant, Véronique le voit comme un sauveur : "C’est un soignant à la même hauteur que le thérapeute et le psychiatre qui m’ont suivie. Il m’a redonné goût à la vie. On se voyait une fois par semaine, dans l’après-midi, et on ne faisait rien d’autre que se toucher, s’embrasser, se parler, se donner du plaisir. Je n’ai aucun souvenir de toutes ces choses ces 20 dernières années. Et même depuis la naissance de mes filles. J’ai oublié d’être heureuse. J’ai oublié de vivre. J’en veux un peu à mon mari de n’avoir pas vu que je dépérissais. Mais, c’est aussi une autre génération, une autre façon de vivre, sa mère n’a jamais eu besoin de médicaments pour supporter sa vie et elle était certainement 100 fois plus dure que la mienne. L’amant que j’ai vu pendant un an a une quarantaine d’années donc une vision différente du couple et du quotidien. Ce sera un très bon compagnon, un jour, pour une autre femme."
L'amour qui s'invite
Elle avoue être tombée amoureuse : "C’est facile de tomber amoureuse d’un homme qui vous rend heureuse. Un homme avec qui vous n’avez aucune difficulté du quotidien à gérer, pas des milliards de souvenirs pour tout alourdir. Je suis tombée amoureuse comme une gamine et quand je m’en suis rendu compte, j’ai préféré le quitter. Je ne voulais pas faire exploser ma vie. Je préfère essayer de sauver mon mariage en organisant des sorties avec mon mari. On n’a pas vraiment profité après le départ des filles, c’est le moment de s’y mettre. On part plus en vacances, on fait plus l’amour. Il est heureux que j’ai encore envie de lui. Et il connait mon corps comme personne. Je n’ai pas oublié pourquoi j’étais amoureuse de lui au départ. Ce qui compte, dans un couple, c’est de continuer à s’engager et à construire même quand il y a eu des difficultés. Je veux être fière de moi pour ça. L’amant, c’est une parenthèse. Je le range dans le tiroir de ma thérapie."
Elle espère que ses filles n’auront pas à souffrir comme elle a souffert : "C’était important pour moi de leur raconter tout ce que j’ai traversé et de leur parler des raisons. Elles ont compris, j’espère, qu’elles ne devraient pas s’oublier. Que c’était facile de s’oublier. Je ne leur ai pas parlé de mon amant. Je ne veux pas qu’elles jugent ça. Mais elles ont vu à quel point j’étais au fond du trou et le temps qu’il m’a fallu pour m’en remettre. J’espère que ça les protégera de vivre la même chose."
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