Histoires de femmes infidèles : "Je rencontre mes amants au supermarché"

En mars 2019, le profil de la femme infidèle type était partagé par un site de rencontres spécialisé : 37 ans en moyenne, cadre supérieure, citadine, mariée depuis plus de cinq ans et mère de deux enfants. Différentes études tendent également à montrer que de plus en plus de femmes se tournent vers l'infidélité (elles étaient 31% à déclarer avoir déjà trompé en 2014, elles étaient 33% en 2016). Qui sont ces femmes ? Quelles sont leurs motivations ? Comment organisent-elles leurs vies ? Ce sont les questions que nous avons voulu poser à certaines d'entre elles.

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Manuela a 46 ans. Elle travaille dans une société d'entretien et de nettoyage. Mariée depuis 20 ans mais en couple avec son mari depuis qu'elle a 19 ans, elle a aussi deux enfants de 18 et 21 ans. Grande lectrice, Manuela raconte qu'elle a très vite entendu parler d'infidélité : "Je pense que j'avais à peine 11 ou 12 ans quand je suis tombée sur le premier roman qui parlait d'adultère. Je voyais aussi que les films qui passaient à la télévision et qui avaient l'air vraiment intéressants parlaient d'amours interdites. Je me disais que je voulais devenir une de ces femmes, qui a une vie passionnante et excitante. Une amante, une amoureuse. Je ne voulais pas être une mère et une épouse, une femme au foyer comme ma mère et comme ma grand-mère. Je voulais être une héroïne. J'ai toujours été fascinée par l'adultère parce que pour moi ça représente l'aventure."

Vidéo. "L’infidélité féminine est plus courant qu’on ne l’imagine. On en parle moins car c’est plus mal vu" : Rita Perse, autrice d'Adulte Air, décrypte le phénomène

Une relation qui commence dans un supermarché

À 19 ans, Manuela se met en couple avec celui qui deviendra un peu plus tard son mari : "On était très amoureux, j’avais l’impression de vivre un conte de fées. C’est avec lui que j’ai eu mon premier baiser et avec qui je vais faire toutes mes premières fois. Et je tombe rapidement enceinte. Vraiment, j’ai eu un parcours très traditionnel pour une femme de ma génération, mais heureux. Parce que j’ai été très heureuse. Mais quand mon second fils a eu deux ou trois ans, j’ai commencé à me réfugier dans les romans à nouveau. Il manquait de l’aventure. C’est là que j’ai eu l’idée de prendre un amant." Elle le rencontre en faisant ses courses : "C’est parce que c’était justement une situation de film romantique que j’y suis allée. J’étais en train de remplir mon caddie et ce jeune homme s’est mis à me parler et à me dire qu’il était charmé. La maison était vide, mon fils était gardé par ma mère alors je lui ai dit de venir chez moi. On a fait l’amour dans le salon, je n’étais pas à l’aise avec l’idée qu’il vienne dans la chambre. Il est revenu une seconde fois. Et puis encore, encore et encore. Il est venu à la maison une fois par semaine pendant 2 ans. Il y en a eu un autre après lui - vous seriez étonnés du nombre de jeunes hommes qui draguent des mamans pendant qu’elles font leurs courses - et puis un autre. Et depuis que les sites et applications de rencontre existent, j’utilise ça. J’ai toujours le coeur qui bat d’excitation mais je tombe moins amoureuse et c’est très bien comme ça."

Elle s'invente un personnage

Manuela ne vit plus que des moments volés à son quotidien : "Je travaille maintenant à temps plein, ce que je ne faisais pas à l’époque, et j’ai d’autres passions aussi. Il ne me reste plus qu’une poignée d’heures dans la semaine pour ce frisson-là. Il y a des semaines où je ne le fais pas parce que je n’ai pas la tête à ça ou que ce n’est pas pratique. J’ai un rapport différent à mes aventures. Elles sont un plus mais pas ma seule raison de vivre. Même les amants avec qui ça se passe très bien sexuellement, je ne veux pas les revoir. Je n’y suis plus attachée comme avant. J’ai juste envie de savoir que je suis libre, que je peux le faire. J’aime les heures avant où je me prépare l’air de rien, le sentiment de faire une folie. J’aime le sexe, évidemment, mais ce n’est pas seulement ça qui me plait. J’aime me présenter différemment que ce que je suis. Je change mon prénom, je change ma vie. À chaque fois que ça se passe maintenant, j’écris un nouveau chapitre de mon roman personnel. J’ai réussi à devenir une héroïne comme celles qui me faisaient rêver et me font encore rêver."

Un vrai jardin secret

Elle n’a jamais culpabilisé : "Je ne me sens coupable de rien. Je ne fais de mal à personne. Je fais mon travail, je m’occupe de ma famille. Mon mari n’a jamais eu à se plaindre et mes fils non plus. J’ai juste choisi d’occuper mon temps libre à autre chose qu’à partager des potins avec des copines. Qui oserait me reprocher ça ? Les gens que j’aime n’ont jamais manqué de mon amour. Mais pour ça, il fallait bien que je sois heureuse, que je me sente libre et vivante. C’est tout ce que je voulais dans la vie. Et puisque je ne pouvais pas le demander, je l’ai pris moi-même. Je ne me vois pas arrêter même si je vois de moins en moins de gens avec les années qui passent. Quand on sera à la retraite avec mon mari, ce sera peut-être beaucoup plus rare. Mais ce sera un choix du coeur et pas une privation."

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