Les jeunes filles sont en souffrance : la chronique de Marina Carrère d'Encausse
Journaliste, docteure en médecine, créatrice du « Magazine de la santé » sur France 5, Marina Carrère d'Encausse chronique chaque mois pour Version Femina l'actualité de la santé.
L'épidémie de Covid-19 n'a pas fait que des morts en France. Elle a aussi fortement altéré la santé mentale des adolescents. En cause, le confinement, la peur de la contamination, le port du masque, la distanciation sociale. Une étude (menée en 2022 par questionnaires anonymes), récemment publiée par Santé publique France et l'Ecole des hautes études en santé publique, confirme la dégradation de l'état psychique des jeunes, mais, fait notable, montre qu'elle est plus marquée chez les jeunes filles. Un écart qui débute dès la 6e et s'accentue jusqu'à la terminale. Ainsi, qu'il s'agisse de tristesse ou de découragement, les filles sont systématiquement plus concernées que les garçons. De même, elles témoignent deux fois plus d'un fort sentiment de solitude. Cette tendance se voit aussi sur le risque de dépression et d'envie ou de passage à l'acte suicidaire. Et toutes les enquêtes le confirment. Ainsi, selon le ministère de la Santé, le nombre de jeunes filles de 10 à 19 ans hospitalisées pour tentative de suicide ou automutilation a explosé depuis le Covid : + 63 % chez les 10-14 ans, et + 42 % chez les 15-19 ans. Chez les garçons, les courbes sont restées stables.
Diverses explications sont avancées, parmi lesquelles des marqueurs biologiques différents selon les sexes, une pression scolaire et sociale qui pèse plus fortement sur les jeunes filles. Mais aussi le poids des réseaux sociaux, avec les injonctions et diktats que l'on y...