"Je justifie toujours comment j’ai été contaminée" : Sophie-Elena raconte son quotidien avec le VIH depuis 35 ans et sa lutte contre la stigmatisation
Devenue séropositive juste après sa naissance à la suite d’une contamination à l'hôpital, Sophie-Elena Jaquenod, témoigne depuis 2017 de ses 35 années de vie avec le VIH, afin de sensibiliser et de lutter contre la stigmatisation sociale qui touche encore les personnes séropositives. A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, le 1er décembre, la jeune femme est revenue pour Femme Actuelle sur les épreuves qu’elle a rencontrées, sur son processus d’acceptation du virus, mais aussi sur son engagement pour combattre les clichés qui subsistent en 2024.
Née en 1989 en Roumanie, Sophie-Elena Jacquenod a été abandonnée avec le virus de l'hépatite B transmis in-utéro par sa mère biologique, ce qui lui a valu un séjour à l'hôpital. C’est là qu’elle a été contaminée par une seringue infectée par le VIH. “Il faut savoir que sous la dictature de Ceausescu, les hôpitaux avaient très peu de matériel, les infirmières piquaient tous les patients avec les mêmes seringues et j’ai été contaminée comme beaucoup d’enfants à cette époque”, explique-t-elle.
“Suite à ça j'ai été adoptée par une famille suisse qui voulait m'offrir la meilleure fin de vie possible, dans la mesure où il n’y avait pas encore de traitement”, poursuit-elle. Elle se rappelle que sa mère adoptive lui a toujours parlé de ce “petit virus” qui était dans son corps. “J’ai toute cette image du château fort, qui est le corps humain, avec le virus qui est l’ennemi et qui l’attaque, maintenant j’utilise cette métaphore (...)