Je milite donc je deviens lesbienne : "On a fait un pacte avec ma meilleure amie : devenir lesbiennes. On est super heureuses"

Je milite donc je deviens lesbienne :
Je milite donc je deviens lesbienne : "On a fait un pacte avec ma meilleure amie : devenir lesbiennes"

Crédit : Getty

Dans les années 70, le lesbianisme politique est un courant de pensée issu du féminisme radical. Il se définit par un refus de partager des relations avec des hommes dans l’optique de combattre le patriarcat. Pour certaines femmes aujourd’hui, il est question de sortir de schémas toxiques et de se donner l’opportunité de vivre des histoires d’amour équilibrées. Ce sont ces histoires que nous allons raconter.

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Cécile a 22 ans. Il y a un an, elle a décidé avec sa meilleure amie de devenir lesbienne politique : "On l’a fait ensemble. Au départ, il y a un traumatisme. Ma meilleure amie a été victime de stealthing, c’est à dire qu’un mec qu’elle avait rencontré via une appli a enlevé la capote pendant le rapport sexuel sans la prévenir et sans son consentement. C’est légalement considéré comme un viol. Après ça, elle a passé quelques semaines chez moi. On a énormément parlé et c’est là qu’elle m’a dit qu’elle pensait qu’elle ne serait plus capable d’avoir de relation avec un homme. Moi, j’avais déjà entendu parler de lesbianisme politique donc je lui ai dit que j’y avais pensé aussi, ce qui est vrai. Et c’est là qu’on a fait comme un pacte."

Ce soir là, les deux jeunes femmes s’embrassent : "On avait un peu bu et on l’a fait pour sceller le pacte, un peu comme des gamines ou des filles qui s’amusent à essayer des trucs en soirée. C’était super bien mais ça n’a rien réveillé chez elle ou moi. Je la considère comme ma soeur. C’était bien de le tenter mais ça ne s’est pas fait comme ça, on allait devenir lesbiennes mais pas ensemble. C’est après ça, qu’on s’est inscrites toutes les deux sur une application où on a précisé qu’on cherchait des femmes."

Pas les mêmes codes dans le monde de la drague

Cécile est déconcertée du manque d’enthousiasme des femmes avec qui elle matche : "Quand je commençais à raconter qui j’étais et ma démarche, pas mal de vraies lesbiennes me disaient qu’elles ne voulaient pas servir de test ou d’expérience. Je comprends ça, mais je n’ai jamais pu les convaincre que ma démarche était authentique. C’est une femme bisexuelle que j’ai rencontrée pour ma première fois. Elle était plus ouverte que les autres et habituée aux remarques désagréables. Elle m’a tout de suite rassurée. Même elle, qui voyait principalement des femmes depuis une dizaine d’années, n’était pas considérée comme légitime partout."

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En parallèle, Cécile passe des soirées à débriefer avec sa meilleure amie : "On avait les mêmes galères mais elle s’est mise à voir une collègue dont elle savait qu’elle aimait les femmes. Le courant est bien passé entre elles et elles ont commencé à se fréquenter vraiment. Petit à petit, ça s’est transformé en histoire d’amour. Ça a été le feuilleton de notre été. Les voir commencer à s’aimer, c’était super mignon. Ça se passe encore très bien entre elles. De mon côté, ça a été un peu moins facile."

La jeune femme réussit à organiser plusieurs rencontres via des applications : "Je n’ai pas lâché l’affaire. Une fois ma première fois passée, je ne me sentais pas obligée de raconter que je n’avais pas beaucoup d’expérience. J’étais plus en confiance. La troisième personne que j’ai rencontrée me plaisait beaucoup plus que les autres virtuellement donc j’avais très envie que ça se passe bien en vrai. Je lui ai sorti le grand jeu avec restaurant et tout. On a passé la soirée ensemble et la nuit. C’est le lendemain matin que je lui ai raconté un peu plus mon histoire et ma décision. Elle a jugé que c’était hyper courageux et elle s’est montrée très admirative. Ça a fini de me convaincre que cette fille était différente."

Heureuses chacune de leur côté

Toutes les deux en couples, les deux amies se retrouvent encore régulièrement pour s’échanger des nouvelles : "On se voit un petit peu moins souvent mais on essaye de se retrouver au moins une fois toutes les deux semaines. On se raconte l’évolution de nos histoires mais aussi nos projets. Je sais qu’elle parle de plus en plus d’envie de bébé. Moi, je n’y pense pas encore mais je sais déjà qu’au prochain Noël, ma copine va rencontrer mes parents. C’est une grosse étape qui va s’accompagner d’un coming-out. Je ne me fais pas de souci sur la réaction de ma famille, ils sont plutôt ouverts d’esprit, mais j’espère que tout le monde va bien s’entendre. Ma copine est parfaite, ça devrait le faire. On s’est dit récemment avec ma meilleure amie qu’on avait jamais regretté notre décision, notre pacte de gamines. On est mille fois plus heureuses maintenant."

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