Je milite donc je deviens lesbienne : "Pendant 20 ans, j’ai cru que je n’aimais pas le sexe"
Dans les années 70, le lesbianisme politique est un courant de pensée issu du féminisme radical. Il se définit par un refus de partager des relations avec des hommes dans l’optique de combattre le patriarcat. Pour certaines femmes aujourd’hui, il est question de sortir de schémas toxiques et de se donner l’opportunité de vivre des histoires d’amour équilibrées. C’est ces histoires que nous allons raconter.
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Anaëlle a 37 ans et elle a choisi de devenir lesbienne politique après sa dernière séparation avec un homme, il y a 1 an : "La séparation ne s’est pas bien passée, c’est une chose, et la relation n’était pas dingue non plus. Mais je me suis retrouvée surtout à un tournant. Je n’avais eu que des relations avec des hommes qui m’avaient fait du mal et plus aucune énergie pour me jeter à nouveau dans la bataille. En plus, l’année dernière, j’ai enfin décidé définitivement que je ne voulais pas d’enfant, donc rien ne me poussait à rechercher l’amour tout de suite. Je me suis dit que j’allais faire une pause et me concentrer sur autre chose, moi-même d’abord, ma famille et mes amis ensuite."
Féministe depuis l'adolescence
Anaëlle est féministe depuis son adolescence : "Je suis féministe depuis que je suis capable de me rendre compte qu’il y a un grave problème d’égalité entre les hommes et les femmes. Ça m’a frappé au collège même si je devais déjà avoir des doutes avant. Je suis le genre de petite fille qui s’est battue pour avoir un ballon et des voitures pour Noël. Au collège, j’ai donc commencé à m’intéresser au féminisme, à lire des livres, à proposer des expos d’affiches dans l’établissement, à recouvrir les murs de ma chambre avec des photos de femmes célèbres et engagées. Avec le temps, ça a pris une forme différente. J’ai fait quelques manifestations, j’ai offert des tonnes de bouquins à des proches, j’ai centralisé mon travail sur les collaborations avec des femmes. C’est comme ça que mon engagement s’est le plus épanoui."
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Anaëlle est cheffe d’entreprise et c’est une collaboratrice qui lui propose une alternative au célibat choisi qu’elle a commencé : "C’était super mignon parce que c’était une drague pas du tout préparée. Elle m’a proposée de sortir dîner avec elle mais a été très claire sur ses intentions et sur le fait que ce n’était ni amical ni professionnel. Je me suis dit que je n’avais en effet jamais testé cette option même si j’avais déjà lu des choses dessus. Cette personne me plait physiquement, peut-être beaucoup plus qu’une grande partie de mes ex hommes. Je me suis dit que si la soirée se passait bien, il n’y avait aucune raison pour qu’on ne passe pas le reste de la soirée ensemble."
Et c’est ce qui se passe : "Je suis repartie au petit matin, chercher une tenue de rechange chez moi parce qu’il n’y avait rien à ma taille chez elle et que je ne voulais pas débarquer au bureau avec elle et habillée comme la veille. Le lendemain matin, j’étais convaincue que je voulais vivre une vraie histoire avec elle. On avait beaucoup ri et le sexe était incroyable. Avec mes histoires avec les hommes, j’ai quand même cru que je n’aimais pas le sexe pendant 20 ans. Là, j’en redemandais. Je n’avais jamais ressenti ça."
Attendre avant d'officialiser leur histoire
Les deux femmes décident d’abord de vivre leur histoire dans l’ombre avant de la rendre officielle il y a quelques mois : "Pour se protéger au travail et éviter les ragots et aussi pour que je m’habitue, on a choisi de vivre notre histoire juste entre nous, entre son appartement et le mien. Pendant des mois, il y a eu peu de sortie mais on était assez auto-suffisantes. Quand ça a commencé à jaser au bureau et que certaines personnes ont eu des doutes, on a préféré être honnêtes, dire qu’on était ensemble et que c’était sérieux. Je ne me revois pas du tout pas me remettre en couple avec un homme un jour. D’abord parce que j’espère que nous allons rester ensemble le plus longtemps possible avec la femme que j’aime et de l’autre parce que je ne me sens pas prête à revivre ce que j’ai vécu pendant des années. J’ai réalisé que ce n’était pas naturel ou évident d’avoir une relation amoureuse aussi déséquilibrée, du sexe aussi nul, cette quantité de charge mentale. Il faut être passée de l’autre côté pour s’en rendre compte totalement, la théorie ne suffit pas à la prise de conscience. Maintenant c’est fini pour moi. Les hommes, c’est du passé."
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