AFP Videos - France
"Une super alternative". Pour relever le "défi de janvier" ("dry January") ou par simple curiosité, de plus en plus de Français sont tentés par les boissons sans alcool.A Strasbourg, les clients se succèdent au "Cactus de Barnabé", ouvert il y a deux mois dans le centre-ville. Cette boutique de boissons sans alcool est la première du genre dans la capitale alsacienne.Mathilde Paye, 31 ans, est venue acheter une bouteille de vin désalcoolisé. "C'est une super alternative pour les femmes enceintes. Je l'achète pour une amie qui passe la soirée avec moi", explique la jeune femme. Elle avait déjà été séduite par un blanc "dont le goût s'approchait vraiment du sauvignon".Marie-Louise, 79 ans, recherche quant à elle "le sans alcool et le sans sucre". Après avoir goûté une boisson à base de grand cru de thé blanc "très appréciée en famille" et un whisky qu'elle a "moins aimé", elle a cette fois jeté son dévolu sur du pétillant.Une autre cliente, âgée de 64 ans, confie qu'elle évite l'alcool car elle est sous traitement médical.La clientèle est "très diversifiée", décrit Yasmina Khouaidjia, qui a ouvert "Le cactus de Barnabé" en octobre. Elle y propose entre autres des bouteilles de vin vendues généralement entre 10 et 30 euros."On a des jeunes, des moins jeunes, des femmes enceintes, des mères allaitantes, des personnes qui veulent +faire un break+, des personnes qui continuent de boire de l'alcool, mais qui cherchent des (options) alternatives, des personnes qui sont juste curieuses...", énumère-t-elle.- Recherche d'alternatives -Cet engouement pour le "No/low" (boissons sans alcool ou avec peu d'alcool) "est né aux États-Unis il y a une dizaine d'années, est arrivé par l'Europe du Nord, notamment par l'Angleterre", raconte Yasmina Khouaidjia.Selon ISWR, fournisseur mondial de données et d'informations sur les boissons, la France a enregistré en 2022 la plus forte progression de nouveaux buveurs de boissons non ou peu alcoolisées parmi les pays occidentaux (+25%), majoritairement issus de la génération des "Millennials" (nés dans les années 1980-1990)."C'est un des rares marchés autour du vin qui est en croissance et donc les vignerons s'y intéressent", remarque Frédéric Chouquet-Stringer, fondateur de Zenotheque, qui commercialise des vins sans alcool.Plus ancienne cave coopérative de France (1895), la Cave de Ribeauvillé, sur la route des vins d'Alsace, a sauté le pas en 2021 en commençant à commercialiser deux vins désalcoolisés, qui contiennent moins de 0,5% d'alcool: un vin tranquille, assemblage de muscat et de sylvaner bio, et un effervescent. Quelque 35.000 bouteilles sont vendues chaque année. "Ça a apporté une clientèle différente, en plus de la clientèle déjà existante, qui n'est pas complètement hermétique à ce genre de choses", se félicite son directeur général David Jaeglé.Frédéric Chouquet-Stringer relève aussi que des chefs, "en particulier dans la haute gastronomie, se rendent compte que vendre des menus à quelques centaines d'euros avec six vins différents, à midi, ça devient compliqué, que les gens font attention à ce qu'ils boivent et que le consommateur attend des [propositions] alternatives".- Questionner sa consommation -"Le Paon qui boit" à Paris, "La Cave parallèle" à Nantes, "Karsk Spirits" à Lyon... Une vingtaine de "caves sans alcool" existent aujourd'hui un peu partout en France.En 2024, 28% des Français déclaraient consommer des boissons "No/Low", dont 41% des 26-35 ans (+5 points par rapport à 2023), selon le baromètre SOWINE. "Après le Covid et les confinements, pas mal de gens ont commencé à questionner leur consommation d'alcool", selon Yasmina Khouaidjia."Le mouvement MeToo est aussi venu appuyer fortement cette tendance, notamment en France. Il y a des comportements que les femmes n'acceptent plus, et elles ont bien raison, et qui malheureusement étaient souvent induits par une trop forte consommation d'alcool", ajoute-t-elle.A Strasbourg, Marie Marchal, libraire de 34 ans, avait au départ poussé la porte du Cactus de Barnabé en voisine, "par curiosité". Résultat, "je n'ai pas bu d'alcool depuis un mois et demi", constate-t-elle, ajoutant: "ce n'est pas plus mal: on se sent mieux le lendemain".pau/bar/LyS