Le coronavirus augmenterait les risques de dépression post-partum

(Crédit photo : Getty Images)
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La dépression post-partum est un sujet encore tabou dont on ne parle que trop peu. Pourtant, de nombreuses femmes, qui viennent de donner naissance à un enfant, en souffrent. Et si le Covid-19 avaient amplifié leurs chances d’en être atteintes ? C’est ce qu’affirme une étude américaine.

Le coronavirus a compliqué bon nombre de grossesses, tout particulièrement pendant le confinement. Et il continue de le faire dans les pays ou états encore confinés. Suivi de grossesse chamboulé, peur d’être contaminée ou d’infecter le fœtus, angoisse d’accoucher dans un hôpital qui compte de nombreux patients atteints du Covid-19, accouchement dans des conditions inédites, pas le droit d’être avec le futur papa dans la salle de naissance, pas de visites des proches à la maternité… Il ne fait pas bon être enceinte pendant la crise sanitaire. Plusieurs femmes ont également dénoncé les violences médicales et psychologiques qu’elles ont subies lors de la naissance de leur bébé en pleine pandémie, sous le hashtag #MonAccouchementCovid.

L’après-accouchement plus difficile à cause de la crise

Et si le coronavirus avait aussi bouleversé la période post-accouchement ? Les mesures gouvernementales et la distanciation sociale ont empêché les rassemblements de personnes (adieu la baby shower) et les déplacements tandis que la famille et l’entourage des jeunes parents n’ont pas pu apporté leur aide si précieuse à cause du confinement. Mais la maladie aurait également favorisé la dépression post-partum.

La dépression post-accouchement, c’est cet énorme blues qui envahit certaines femmes, généralement entre deux et huit semaines après avoir donné naissance à leur enfant. Les premiers jours/semaines/mois de la vie de bébé et de la vie de jeune mère peuvent être particulièrement dur à vivre pour de multiples raisons. Elle se manifeste entre autres par des symptômes dépressifs et anxieux (sautes d’humeur, douleurs abdominales...) et la peur de faire du mal à son bébé. Elle doit être prise en charge le plus tôt possible pour le bien-être de la maman mais aussi le bon développement du nouveau-né. La fatigue mais aussi la difficulté à s’adapter à ce changement radical ou à accepter son nouveau corps sont autant de facteurs qui engendrent cet état... Et peut-être aussi le Covid-19.

Selon l’étude menée par la Blue Cross Blue Shield Association, le nombre de femmes diagnostiquées comme faisant une ce type de dépression a augmenté de 28,5% depuis 2015 aux États-Unis (sur 1,8 millions de grossesses examinées). Les chercheurs révèlent que le phénomène touchait déjà une femme sur dix en 2018 et concerne davantage les 18-24 ans.

Plusieurs explications possibles

Pourquoi ? Certainement à cause du climat anxiogène et de l’appréhension quant à l’avenir. L’enquête pointe aussi du doigt des problèmes de santé (obésité, diabète et hypertension) qui peuvent augmenter le risque de dépression post-natale pour plus de deux tiers des femmes ainsi que des soucis de santé mentale, moins visibles, tels que l’anxiété, une dépression sévère ou des troubles liés à l’usage de substances illicites.

Si cette grosse baisse de moral est davantage survenue ces derniers mois, c’est à cause d’un accès aux soins limité et des rendez-vous médicaux pas toujours assurés en cette période si particulière. 61% des sondées ont avoué que leurs médecins recevaient ses patient.e.s à sur une plage horaire limitée ; 25% ont révélé ne pas s’être rendues aux rendez-vous prénataux après la mise en place de mesures de distanciation sociale ; et 48% ont dû faire une consultation virtuelle faute de pouvoir en faire une physique. Dans la même veine, 4% du panel ont avoué ne pas avoir eu de suivi six semaines après la naissance de leur enfant tandis que 5% ont confié avoir manqué leur rendez-vous post-natal.

Un article paru sur le site du The Philadelphia Inquirer avance d’autres explications. Il suggère que la crise sanitaire a entraîné des inégalités salariales et des disparités raciales, qui ont impacté la prise en charge médicale des femmes enceintes et des toutes jeunes mamans. Cela aurait donc eu des répercussions psychologiques sur ces dernières et, selon le média, les femmes noires seraient davantage touchées.

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