Le blues du déconfinement ou le syndrome de la cabane, qu’est-ce que c’est ?

(Crédit photo : Getty Images)
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Vous avez un coup de blues depuis la fin du confinement ? Une sorte de nostalgie voire une anxiété décuplée depuis le 11 mai ? Rassurez-vous, vous êtes normalement constitué. Vous souffrez certainement du syndrome de la cabane. Explications.

Le déconfinement était très attendu mais parfois redouté. Alors que certains attendaient le 11 mai comme une véritable libération après huit semaines d’enfermement forcé et enchaînent depuis les apéros IRL, les dates, les visites à leurs proches et les longues balades sans attestation (à moins de cent kilomètres toujours), d’autres ont le blues du déconfinement.

Le confinement ou le luxe d’avoir du temps

Pourquoi ? Parce que le confinement leur a apporté bien des choses. Ils ont vécu des moments privilégiés en famille ou en couple, pu se remettre à certaines activités manuelles (couture, coloriage…), cuisiné des repas maison, changé cette foutue ampoule qui ne fonctionnait plus depuis des mois, fait le bilan de leur vie… Bref, ils ont eu du temps, cette denrée si rare et précieuse. Pour certains, cela a aussi été un changement radical et bénéfique. Des Parisiens ont découvert les joies du grand air loin de leur 30 mètres carrés en s’isolant à la campagne, des salariés ont testé et approuvé le télétravail, des amoureux ont carrément remis en question leur relation tandis que des confinés solo se sont recentrés sur eux-mêmes et cela leur a fait du bien. Ils auraient même aimé que cela dure un petit plus longtemps.

Et puis, il y a aussi ceux qui pensaient que le monde allait changer, que la société de consommation était derrière nous, que le Covid-19 avait été le signal d’alarme d’une planète qui va mal, que nous allions tous et toutes repenser nos modes de vie pour qu’ils soient plus vertueux… Et qui ont un peu déchanté en voyant les files d’attente interminables devant des magasins Zara, le premier post-confinement.

Aimer être confiné.e, un sujet tabou

Toutes ces personnes n’ont pas si mal vécu que ça leur quarantaine. En réalité, elles ont même apprécié cette parenthèse dans leur vie à cent à l’heure. Mais le revers de la médaille, c’est qu’elles n’ont pas du tout envie de sortir de leur bulle. Résultat, le déconfinement apparaît comme une menace, une échéance qu’on redoute, une angoisse.

Certains ont d’ailleurs décidé de rester chez eux encore quelques semaines. Ils ont dit non aux apéros entre amis, refusent de prendre les transports voire de sortir de leur domicile. Et cela n’est pas toujours compris par leur entourage. D’autant plus que ce n’est pas toujours évident de dire “J’ai adoré le confinement, ça me manque trop !” quand on sait que beaucoup ont dû reprendre le chemin du travail ou remettre leurs enfants à l’école. Sans parler des soignants, des caissiers ou livreurs qui sont toujours en première ligne.

Le syndrome de la cabane, késako ?

Pourtant, ce phénomène est bien connu des psychologues : c’est le syndrome de la cabane ou le “cabin fever”. S’il n’est pas nouveau (il date en réalité du début du 20e siècle et des chercheurs d'or américains qui avaient du mal à retourner à la civilisation après des mois passés dans des cabanes), il se traduit par différents symptômes : fatigue (allant des difficultés à se lever le matin à l’engourdissement des jambes et des bras), sentiment de tristesse, irritabilité, augmentation de l’anxiété et du stress ou encore frustration. Cela peut aller d’un simple spleen à une véritable panique à l’idée de mettre le nez dehors.

Les spécialistes expliquent notamment ce ressenti par les nouvelles habitudes prises pendant le confinement, la routine qui s’est malgré tout installée et le sentiment de sécurité qu’on avait mine de rien à rester chez soi. Le retour à la normale (ou presque) est alors trop rapide, trop abrupt et le cocon du foyer apparaît alors comme un espace beaucoup plus rassurant.

La bonne nouvelle, c’est que cet état devrait s’estomper avec le temps. Il faut juste être patient. La clé, c’est d’en parler avec vos proches et d’arrêter de culpabiliser. Soyez indulgent avec vous-même et allez-y doucement. Peut-être en commençant par sortir uniquement dans votre quartier pour faire des courses et prendre un peu l’air, ou en acceptant qu’une personne vienne prendre le café chez vous pour commencer. Et si votre mal-être persiste, il est préférable de se tourner vers un professionnel.

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