#MeToo du cinéma : après avoir "incité" une actrice de 15 ans à avoir des relations sexuelles, un réalisateur espagnol a fait une thérapie et a mis fin à sa carrière
Alors que le cinéma fait son #MeToo en France, l'Espagne n'est pas en reste. Une enquête réalisée par le quotidien El Pais, sur le cinéaste Carlos Vermut, accusé de violences sexuelles, a participé à libérer la parole. Un autre réalisateur, Armando Ravelo, a reconnu avoir "incité" une adolescente de 15 ans à avoir des relations sexuelles, a fait une thérapie et annoncé qu'il mettait fin à sa carrière. Un exemple à suivre ?
Durant la cérémonie des Goya, qui récompense les acteurs du cinéma, ce vendredi 9 février 2024, les violences sexistes et sexuelles étaient au coeur de toutes les conversations. "Il est urgent que nous réclamions toutes des garanties d'égalité et cela passe par la condamnation de tous les abus et les violences sexuelles. (...) Ici au cinéma, aussi, c'est fini", a déclaré l'actrice Ana Belen.
Me faltan manos para aplaudir a Ana Belén. Este inicio de la gala de los #Goya2024 es historia. #SeAcabó
pic.twitter.com/REQ9EGojLY— Mónica Zas (@MonicaZas) February 10, 2024
Une réaction rare
Point de départ de ce mouvement de libération de la parole, l'enquête publiée par le quotidien El Pais, le 26 janvier 2024. Ce journal, référence dans le pays, a publié les témoignages de trois femmes accusant le réalisateur Carlos Vermut de violences sexuelles. Quelques jours plus tard, le 29 janvier, le cinéaste Armando Ravelo, a reconnu avoir incité une adolescente de 15 ans (au moment des faits) à avoir des relations sexuelles avec lui, et a, dans le même temps, annoncé mettre un terme à sa carrière. Il a par ailleurs déclaré avoir suivi une thérapie.
L'artiste Koset Quintana a en effet révélé sur ses réseaux sociaux que le cinéaste l'a incitée à avoir des relations sexuelles, lui a offert des drogues et lui a montré du porno alors qu'elle était âgée de 15 ans et lui de 31 ans. Koset Quintana a expliqué avoir décidé de rendre son expérience publique après la publication de l'enquête d'El Pais. Elle a raconté avoir commencé à échanger des messages avec Armando Ravelo en 2015. L'artiste aurait rencontré le réalisateur à l'âge de 14 ans. Sa prise de parole a amené d'autres femmes à témoigner de situations similaires vécues avec Armando Ravelo.
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"Nous, les hommes, devons revoir notre comportement"
Le cinéaste a expliqué à l'agence de presse Efe qu'"il était très haut placé et se pensait impuni." Il a non seulement reconnu ces faits, mais a également indiqué qu'il "a supposé que cette plainte aurait des implications pour sa carrière" et a donc décidé de se retirer du cinéma et de la vie publique, "de la vie telle qu'il l'a connue". Il reconnaît que son comportement a été "répréhensible" et comprend qu'il soit dénoncé. Il encourage d'ailleurs toute personne ayant subi une telle situation à faire de même.
Dans ses déclarations, le réalisateur affirme avoir dépassé ce stade après avoir suivi une thérapie, ce qui l'a conduit à "faire beaucoup de mal à de nombreuses femmes" avec lesquelles il a eu des "relations durables". Dans des déclarations à la radio Cadena Ser, il a affirmé : "Je sais que j'ai laissé beaucoup de cadavres sur la route. (...) Nous sommes à un moment où nous, les hommes, devons revoir notre comportement. J'en assume toutes les conséquences. Le feu purifie."
Une affaire qui fait écho au #MeToo du cinéma français, porté par l'affaire Depardieu et les déclarations de l'actrice Judith Godrèche, qui accuse le réalisateur Benoît Jacquot de viols sur mineure (ils ont vécu en couple alors qu'elle était âgée de 14 ans et le cinéaste de 39 ans) et le réalisateur Jacques Doillon d'agression sexuelle. Tout deux nient ces accusations.
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