Sex and stuff : "Je me suis concentrée sur la sensation des centaines de petites pattes sur ma peau, et j’ai adoré ça"

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Sex and stuff : "Je me suis concentrée sur la sensation des centaines de petites pattes sur ma peau, et j’ai adoré ça". Photo : Getty Creative

En dehors de la norme du rapport sexuel, il existe des dizaines de paraphilies. Ces pratiques et/ou fantasmes différents émoustillent des hommes comme des femmes et enrichissent comme compliquent le rapport à la sexualité. Comment ces personnes vivent-elles leur sexualité ? Ont-elles des difficultés à trouver un ou une partenaire ? Le jugement n’est-il pas trop dur à porter ?

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Louna a 27 ans et a découvert sa paraphilie à 21 ans : "J’ai commencé à avoir une vie sexuelle très classique. J’ai eu ma première fois avec un garçon à 17 ans, je n’ai pas été traumatisée, mais je n’ai pas pris de plaisir non plus. À la maison, je me masturbais en regardant des pornos parce que je croyais que c’est ce que tout le monde faisait. Et puis un jour, en été, dans le jardin de mes parents, je me suis assise sans faire exprès sur une fourmilière. Le temps que je m’en rende compte, j’avais des fourmis partout sur moi et au lieu d’en être dégoûtée comme tout un tas de gens, j'ai ressenti du plaisir. Au début, c’était un plaisir purement psychologique et puis ça s’est transformé en plaisir physique. Je me suis concentrée sur la sensation des centaines de petites pattes sur ma peau et j’ai adoré ça."

"Ça a commencé à empiéter sur mes fantasmes"

Sur le moment, Louna pense que ce n’est qu’un symptôme de manque : "Je me suis dit que si j’arrivais à mouiller ma culotte parce que des fourmis me marchaient dessus, c’est sûrement que j’étais en manque. À l’époque, ma culture sur la sexualité se résumait à ce qu’on peut lire dans les magazines et voir dans les pornos. J’ai profité du moment mais le soir même j’ai donné rendez-vous à un copain qui est un peu un sex-friend. Et avec lui, comme c’est souvent le cas, je n’ai pas ressenti grand chose, ou alors bien moins que dans l’après-midi avec les fourmis."

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La jeune femme repense souvent à ce moment : "Ça a commencé à empiéter sur mes fantasmes pendant la masturbation. J’y repensais l’air de rien. J’ai même essayé de reproduire la sensation sur mes bras et mes jambes avec des fourchettes d’abord et puis après avec une roulette avec des dents qui est utilisée dans le BDSM et qu’on appelle la roulette de Wartenberg. C’est devenu ma passion. Je n’allais quand même pas aller m’asseoir sur une fourmilière, dès que j’avais envie de jouir. En dehors du fait que c’était dans le jardin de mes parents et donc pas pratique du tout, je n’apprécie pas l’idée d’utiliser des êtres vivants non consentants pour mon plaisir sexuel. Ça me révolterait avec un chien ou un chat, le fait que les fourmis soient plus petites n’y change rien."

"J'ai commencé à avoir un sentiment de honte"

Louna a beaucoup réfléchi à ses désirs : "Pendant les premières années de ma sexualité, je me suis laissée faire. J’ai suivi le mouvement. J’ai fait comme les autres sans réaliser que ça ne veut rien dire du tout. Quand j’ai eu cette révélation avec les fourmis, j’ai appris par la suite qu’on appelait ça de la formicophilie, j’ai commencé à faire des recherches, à réfléchir à ce que je voulais faire et ne pas faire, à la morale. Ça m’a fait beaucoup de bien de réaliser que la sexualité est quelque chose de personnel et que c’était à moi d’aller chercher mon plaisir."

À ce jour, la jeune femme n’en a parlé avec aucun de ses partenaires : "Au début, je me suis concentrée juste sur le plaisir et sur moi. J’ai cherché à avoir les meilleures sensations, à nourrir mon imaginaire. C’était une période joyeuse, j’avais tout le temps envie de me masturber. Et puis j’ai commencé à avoir un sentiment de honte quand j’ai réalisé que je ne pourrais certainement pas en parler avec quelqu’un. Je continue de coucher avec des hommes et j’en ai envie, mais je sens que mon corps réagit moins que quand je suis toute seule et que je me fais des films avec les fourmis. J’en ai conscience et ça m’attriste, mais c’est comme ça. Je ne veux pas me déconnecter d’avec une sexualité "normale" et je veux être en couple et être amoureuse ce qui est complètement impossible avec les fourmis. J’ai essayé d’en parler une fois avec quelqu’un que j’aimais beaucoup, mais dès qu’il a senti que ça allait être un fantasme un peu différent, il m’a dit qu’il préférait ne pas en parler. Je crois qu’il a eu peur que ça le dégoûte. Et je n’aime pas cette idée du tout. Donc pour l’instant c’est mon jardin secret et je pense qu’il est possible que ça reste comme ça pendant longtemps."

Louna avoue que ce fantasme fait partie intégrante de sa sexualité depuis des années : "Depuis cette découverte, ce n’est jamais vraiment parti de mes séances de masturbation. J’ai mille fois plus de plaisir quand je pense à ça et que je me stimule avec la roue. J’en ai acheté plusieurs qui me font des sensations différentes. J’ai une boîte que je cache dans le tiroir qu’il y a sous mon lit. Mais pour l’instant ça a été facile parce que je n’ai habité avec personne. Le jour où je m’installe avec quelqu’un, il va falloir que je sois très discrète ou que j’en parle. Et je ne suis pas prête pour ça."

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