Shy'm victime de préjugés sur ses origines : "Si j'avais été blonde aux yeux bleus, peut-être que je n'aurais pas vécu ces trucs"
Invitée dans l'émission "The Wheel", sur TF1, ce vendredi 23 juin, la chanteuse Shy'm est née et a grandi à Trappes. Au cours de sa vie et de sa carrière, l'artiste a été souvent ramenée à ses origines par des réflexions pleines de jugements et d'idées reçues. Des préjugés récurrents qu'elle est lassée d'entendre.
Shy'm, de son vrai nom Tamara Marthe, est née à Trappes en 1985, d'un père martiniquais et d'une mère normande. Très vite, elle ressent un jugement lorsqu'elle évoque sa ville natale. La jeune femme a raconté avoir été confrontée à certaines réflexions remplies de stéréotypes dès son arrivée sur les bancs de l'école, qui l'ont poursuivie tout au long de sa carrière.
Vidéo. La minute de Shy'm
"Tu devais être encore plus sage pour être accepté"
Les regards désapprobateurs et les jugements ont commencé dès les premiers jours de classe pour Shy'm. "Je me suis toujours trimballé une mauvaise réputation parce que je disais que j'étais née à Trappes, que j'habitais à Trappes. Ça a commencé à l'école, quand tu remplis ta fiche, ton nom, ton prénom, le métier de ta mère, le métier de ton père et où tu vis. À chaque fois que je marquais Trappes, il y avait un jugement qui était lourd, difficile à vivre", s'est souvenue la chanteuse dans une interview pour Brut, en 2019.
Pour se débarrasser de ces pré-conçus, l'artiste a expliqué qu'elle a dû redoubler d'efforts par rapport à ses camarades : "Tu avais besoin d'être encore plus sage pour être bien acceptée, tu avais besoin de te faire moins remarquer, d'être bien éduquée et de bien parler, tout simplement."
"Petite métisse, ça stigmatise un truc"
En effet, Shy'm s'est heurtée très tôt dans sa vie, et plus tard dans sa carrière, à ce préjugé en particulier, qu'elle est toujours agacée d'entendre : "Tu viens de Trappes, mais tu t'exprimes bien." Sa ville d'origine, mais aussi son métissage et son style vestimentaire lui ont valu beaucoup de jugements de la part des interlocuteurs, à peine dissimulés. "Quand t'arrives, t'es une petite nana de 19-20 ans qui est habillée un peu en caillera sur "Mes fantaisies". Il y a eu des époques où j'étais plus féminine, mais j'étais très casquette... Très "hip-hopeuse" finalement. Petite métisse, ça stigmatise un truc. Dès que j'arrivais à sortir une phrase correcte, et à employer un mot un peu désuet et moins classique, j'avais vraiment la surprise des journalistes, les premières interviews, ça revenait à chaque fois. D'être posée, censée, à 19-20 ans, savoir ce que tu racontes, ça a surpris beaucoup de gens, et ça a été à chaque fois des uppercuts parce que je me disais que si j'avais été blonde aux yeux bleus et que j'avais vécu à Versailles, peut-être que je n'aurais pas eu ces trucs-là", a-t-elle supposé.
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"Ça a été mes plus belles années"
Malgré les critiques et la mauvaise presse que Trappes peut avoir, Shy'm reste très fière de la ville multiculturelle dans laquelle elle a grandi, qui l'a beaucoup enrichie : "Ce truc-là m'a suivie pendant tellement d'années, ça a été une ville qui a traîné une mauvaise réputation pendant tellement longtemps, et en même temps ça a été mes plus belles années. Je vivais dans un immeuble de 20 étages, il y avait un étage où ça sentait le couscous, à un autre le mafé, à un autre le colombo, l'autre la raclette certainement... (...) Il y avait tout et quand tu grandis là-dedans, t'es dans un apprentissage de vie, un apprentissage humain qui est hyper vrai et terrien."
D'autant plus que Shy'm n'est pas la seule célébrité originaire de Trappes, qui regorge de talents. Ainsi, le footballeur Nicolas Anelka, l'acteur Omar Sy, le rappeur La Fouine ou encore l'humoriste Jamel Debbouze (sa mère a d'ailleurs été la nounou de Shy'm) ont tous été Trappistes. Ce dernier avait d'ailleurs dévoilé dans un interview pour Le Figaro, en 2018, vouloir consacrer une série à cette commune : "Je travaille sur une série qui raconte mon enfance à Trappes. (...) C’est encore une histoire de transmission et un outil, j’espère, de compréhension supplémentaire de cet endroit que l’on fantasme, caricature, rabaisse et que l’on ne connaît pas. Je raconte mon enfance qui a été colorée, douce, drôle, évidemment parfois dure mais que je ne changerais pour rien au monde."
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