"Je m'intéressais toujours à des personnes en couple" : Pourquoi les personnes déjà prises attirent autant la convoitise ?

Récemment, Elliot Page a confié avoir longtemps été attiré par des personnes déjà prises -il a notamment révélé avoir eu une relation avec Kate Mara, qui était déjà la petite amie de l'acteur Max Minghella-. Comme lui, nombreux sont ceux qui tombent sous le charme de personnes indisponibles. En témoignent les chiffres de l'adultère : près de 42% des Français affirment ainsi avoir déjà été infidèles dans leur vie. Qu'elles soient au courant ou non de la situation amoureuse de la personne qu'elles convoitent, les raisons qui poussent certaines personnes à être attirées par quelqu'un de déjà pris sont multiples. Mais surtout, elles ne sont pas toujours conscientes et cachent souvent d'autres secrets...

"Je m'intéressais toujours à des personnes en couple" : Pourquoi les personnes déjà prises attirent autant la convoitise ? Photo : Getty Creative
"Je m'intéressais toujours à des personnes en couple" : Pourquoi les personnes déjà prises attirent autant la convoitise ? Photo : Getty Creative

"C’était juste après mon coming-out, une période d’exploration et aussi de chagrin. Je pense que cette relation, ou quel que soit le nom qu'on lui donne, résume bien une certaine dynamique dans laquelle je me suis constamment retrouvé, qui consistait à tomber amoureux de gens qui n’étaient pas entièrement disponibles.", décrit Elliot Page lors d'un entretien publié par People, le 2 juin 2023. L'acteur y évoquait sa relation cachée avec l'actrice Kate Mara, déjà en couple à l'époque.

À en croire les chiffres, il est loin d'être un cas isolé. Ainsi, rien qu'en France, quasiment une personne sur deux (42%) confie avoir été infidèle au moins une fois dans sa vie, selon une étude réalisée en 2022 par la société de sondages Yougov pour le site de rencontres extra-conjugales Gleeden. Et pour tromper, il faut être -au minimum- deux. Souvent pointé.e.s du doigt, et encore davantage quand il s'agit de femmes, les amant.e.s se retrouvent fréquemment en fâcheuse posture, parfois sans savoir que la personne dont ils rêvent, qu'ils draguent ou avec qui ils ont des relation sexuelles n'est pas disponible. Gabrielle*, 26 ans, a eu la malchance de se retrouver dans cette situation : "On était à la fac ensemble, c’est lui qui est venu me draguer. Au bout de deux rendez-vous ou trois, il m’a dit qu’il était en couple. Ça faisait des mois que je "crushais" sur lui et que j’attendais qu’on se voie. Encore maintenant, je me demande pourquoi il a fait ça, je ne sais pas si c’était dans ses habitudes à ce moment-là", se questionne la jeune femme, qui a entretenu malgré tout une relation en pointillé avec ce jeune homme pendant quelques temps.

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"Un biais cognitif de confirmation"

Lorsqu'ils sont au courant de la situation, les amant.e.s transi.e.s peuvent rester des années à attendre sans que leur amoureu.x.se ne se décide à quitter son conjoint officiel. À la loterie de l'amour, tout le monde est donc bien loin de sortir gagnant. Trouver l'élu de son coeur est déjà une tâche difficile, mais lorsqu'il se révèle être en couple, faut-il vraiment s'accrocher ? Et surtout, pourquoi certaines personnes sont-elles toujours attirées par des gens qui ne sont pas libres ? Loin d'être une malédiction, ce phénomène a plusieurs explications.

D'abord, cette sensation de tomber toujours sur des personnes indisponibles peut être déconnectée de la réalité, dans le sens où les mauvaises expériences marquent davantage. "C’est un biais cognitif de confirmation, les gens sont probablement attirés aussi par des personnes célibataires mais ils y font moins attention", décrypte Alexandra Vatimbella, sexologue et thérapeute de couple.

"Ce sont mes potes qui l'ont réalisé avant moi. Je racontais mes déboires à ma meilleure amie, quand elle a pointé le fait que je m'intéressais toujours à des personnes en couple, ou sur le point de l'être", confie Bastien*, 30 ans. Gabrielle partage la même expérience : "J’ai croisé pas mal de mecs en couple, plusieurs fois", constate-t-elle. Sans se l'expliquer totalement, Bastien et Gabrielle ont constaté la récurrence de leur préférence pour les gens indisponibles.

"Je me sens un peu comme une m*rde"

Cette situation a été étudiée par les scientifiques. Les résultats de travaux britanniques publiés en 2018 dans la revue spécialisée "Scientific Reports", apportent un élément de réponse : la personne en couple aurait déjà été "validée" par quelqu'un d'autre, ce qui augmenterait donc sa "côte". Pour Alexandra Vatimbella, cette "aura" peut se muer en "challenge" pour leurs admirateurs : "Les personnes déjà prises ont une assurance et de la confiance en soi, ne sont pas "en recherche de séduction" ou peu sûres d’elles dans la séduction, car il n’y a pas de grand enjeu pour elles, ce qui les rend attirantes car plus inaccessibles. Elles représentent donc un défi plus intéressant dans la séduction."

Pour autant, si "cette histoire de l'interdit est très excitante", comme le rapporte l'experte, elle n'est pas toujours la motivation des amant.e.s, qui ne sortent parfois pas indemnes de ces relations secrètes à répétition. "J’en souffre un peu. Ça donne une très mauvaise image de soi-même. Forcément, ça joue sur la confiance en soi. Ce n'est pas du tout agréable comme situation. Peut-être qu’il y a des personnes à qui ça convient ce genre de relation excitante, dans l’interdit, mais en tout cas moi à chaque fois je me sens un peu comme une m*rde", désespère Gabrielle, qui a mis le doigt sur le noeud du problème : l'estime de soi.

Alexandra Vatimbella confirme : "On choisit les personnes qui ne sont pas disponibles, comme ça on se prouve bien qu’on n'est pas quelqu'un qui peut avoir une relation durable. C’est déjà prévoir un échec de la relation. Ça conforte dans l'idée qu'on n'est pas assez bien pour être autre chose que la maîtresse ou l’amant." Un phénomène dont Gabrielle est bien consciente : "Je me dis que ce n’est peut-être pas juste une question de malchance. Peut-être que c'est moi qui vais vers des situations qui sont malsaines. Pour l’instant je n’ai pas pris ce problème à bras-le-corps, peut-être qu’un jour je le ferai. J'ai déjà vu des psys à qui j’en ai parlé et j’ai même vu une kinésiologue récemment, mais je n’ai pas constaté d’effets pour l’instant. Peut-être que ça ira mieux un jour, que le problème vient vraiment de là et qu’il faut le régler, je ne sais pas trop."

Le poids du passé

L'histoire de Coline*, 24 ans, vient à contre-courant des récits de Bastien et Gabrielle : "Depuis le lycée, j’ai toujours eu ce truc de m’en foutre un peu. J’allais un peu à droite à gauche, je n’avais pas de mec fixe, certains étaient en couple." Une fois étudiante, Coline garde ses habitudes et continue de papillonner sans culpabilité ni souffrance. "Mon attirance pour les mecs en couple a été vraiment récurrente et indéniable. J’ai un peu enchaîné les histoires, notamment avec des sportifs pros qui avaient des nanas. Ça s’est fait très naturellement", raconte-t-elle, en ajoutant : "Je ne voulais pas quoi que ce soit de sérieux et ce n’est pas du tout quelque chose qui m’a fait souffrir. Mes amis ne m’ont pas jugée non plus."

Coline sait néanmoins pourquoi elle a recherché ce type de relation. Car derrière l'insouciance affichée par la jeune femme, se cache un passé bien plus douloureux. "Savoir qu’ils étaient en couple me rassurait aussi. Parce que j’avais un ex, mon premier amour, qui a été violent, qui m’a fait souffrir énormément. On avait une relation très toxique, il me frappait et m'a envoyée à l'hôpital, ça m'a traumatisée. Je me suis dit qu'avec les mecs en couple, au moins je savais qu’ils avaient une copine, je ne pouvais pas me projeter. Et je me disais que je n’allais pas souffrir."

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Alexandra Vatimbella abonde : le personnes constamment attirées par des individus en couple doivent prendre en compte leur propre bagage amoureux, qui peut expliquer leur attitude. "Si on n'a pas arrêté d’avoir des déceptions sentimentales, on peut aussi se rapprocher de personnes comme ça, pour éviter de souffrir en se disant qu’on ne va pas s’attacher. On peut aussi se protéger avec des relations comme ça, ou avoir l’impression qu’on se protège."

"On ne voit que les meilleurs côtés de la relation"

Si tous ne souhaitent pas à tout prix être en couple avec la personne dont ils sont l'amant.e, ceux qui attendent ce dénouement pourraient bien être déçus. En effet, comment faire confiance à quelqu'un capable de tromperie une fois en ménage avec ? "Pour moi, impossible de me projeter avec quelqu'un quand je sais que cette personne n'est pas fidèle. Dès que j'apprends que la personne que je fréquente a quelqu'un d'autre dans sa vie, je mets un stop. C'est une question de karma : ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu'on te fasse", indique ainsi Bastien. Même discours pour Gabrielle* : "Comment tu peux faire confiance à quelqu’un alors que tu sais qu’il peut agir comme ça ? S'il le fait une fois, il peut le faire plein d’autres fois !"

D'autant plus que pour Alexandra Vatimbella, un début de relation né d'une relation cachée devra affronter un obstacle de taille, à savoir la routine : "Dans cette situation d’amant.e, on n'est pas confronté à autre chose que l’image idéalisée qu'on a en début de relation avec quelqu'un. On ne voit que ses meilleurs côtés. Pour la personne qui est en couple, c'est récréatif. L'autre lui permet de vivre des choses qu’elle ne peut pas vivre en couple, donc une fois qu’on se met en ménage avec sa maîtresse, elle n’est plus ce "divertissement" qui permet de sortir de la routine, elle devient la routine. Et là, ça ne fonctionne pas toujours."

*Les prénoms ont été modifiés.

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