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Journée Internationale des filles : orgasme, tabous... À quoi ressemble la sexualité des 18-25 ans ?

(Crédit photo : Getty Images)
(Crédit photo : Getty Images)

À l’occasion de la Journée Internationale des filles, ce 11 octobre 2020, Les Nanas d'Paname et Terpan Prévention ont réalisé un sondage pour savoir si les jeunes filles connaissaient bien leur anatomie et leur sexualité. Et les résultats prouvent qu’il y a encore du boulot en matière de plaisir sexuel féminin et d’éducation sexuelle.

Comment les filles d’aujourd’hui vivent leur vie intime ? C’est la question que s’est posé le collectif Les Nanas d’Paname. Pour en avoir le cœur net, il a mené une étude avec le laboratoire Terpan Prévention auprès de sa communauté. Résultat, 1200 femmes entre 18 et 25 ans ont participé à ce sondage, qui met en lumière un manque de connaissance du corps et du plaisir féminin.

Pas d’orgasme à cause de leur partenaire ?

La tant redoutée première fois a eu lieu entre 16 et 17 ans pour 40% des sondées et entre 14 et 15 ans pour 22% d’entre elles. Des chiffres qui corrèlent avec la moyenne nationale puisque l’âge du premier rapport sexuel pour les filles était de 17,6 ans en 2016 selon Santé Publique France. Mais qu’en est-il de l’orgasme ? Là, ça se complique puisque l'écrasante majorité (95%) révèle n'avoir eu aucun orgasme lors de leur première fois. Ce qui est encore plus intéressant, c’est d’essayer de savoir pourquoi : 44% des femmes expliquent avoir été trop stressées, 35% ont ressenti de la douleur tandis que pour certaines, cela était dû à leur partenaire. Pour 33%, ce dernier a été trop “brusque” tandis que 12% affirment qu’il a été trop “rapide”.

En dehors de leur découverte des plaisirs de la chair, les répondantes ont été questionnées sur leur sexualité. Là encore, on se rend compte que même les femmes majeures ne connaissent pas toutes les rouages du plaisir sexuel féminin. Pour cause, 13% d’entre elles révèlent qu’elles n’ont jamais eu d’orgasme lors d’un rapport sexuel partagé quand elles sont 89% à se masturber (45% depuis leurs 13-14 ans, 17% depuis leur 15-16 ans et 14% à 16-17 ans) et 86% à jouir lors de cet acte en solo (dont 78% à chaque masturbation). Plus grave, les raisons de ce manque de jouissance en duo sont que “le rapport sexuel est à chaque fois à sens unique” pour 29%, qu’elles “ont la tête ailleurs” pendant l’acte pour 25% et qu’elles ont mal à chaque rapport - ce qui peut être de la dyspareunie, un phénomène sur lequel les femmes sont très mal informées - pour 14%.

Cela souligne le manque d’éducation sexuelle des jeunes filles, surtout quand on sait qu’elles ont été nombreuses à voir un film pornographique avant leur majorité (30% à 13-14 ans, 23% entre 15 et 17 ans et 12% avant leurs 12 ans) et que beaucoup d’entre elles affirment que cela a eu un impact sur leur sexualité. Mais on peut aussi blâmer un problème de communication avec leurs partenaires.

Les règles sont encore taboues dans l’intimité

Si 87% des interrogées affirment qu’elles “parlent ouvertement de sexe à leur partenaire”, elles sont plus de 13% à ne pas évoquer ce sujet, encore tabou, que ce soient parce qu’elles sont gênées (23%) ou encore parce qu’elles considèrent que leur partenaire n’écouteraient pas leurs besoins sexuels (45%). Dans la longue liste des tabous, on trouve aussi le sexe pendant les règles.

L’étude dévoile que 31% des filles n’ont aucune relation sexuelle lorsqu’elles ont leurs menstruations - alors que paradoxalement elles sont 77% à avoir un pic de libido pendant ces quelques jours mensuels et qu’on sait que la masturbation peut apaiser les douleurs de règles. Là où il y a un vrai problème, c’est qu’elles sont encore 31% à dire qu’elles trouvent cela “dégoûtant”. “Les femmes, pendant leurs menstruations, sont traditionnellement perçues comme ‘impure’. (...) Ce poids historique et religieux a rendu la sexualité avec règles honteuse, gênante et dérangeante dans l'esprit de beaucoup”, explique Chloé Bonnard, la fondatrice des Nanas d'Paname qui souhaite “dédramatiser l'acte sexuel pendant les règles”.

Un manque d’information sur les MST

Concernant la contraception et la protection contre les IST (Infections Sexuellement Transmissibles) et MST (Maladies Sexuellement Transmissibles), si on sait que la charge contraceptive pèse principalement sur les épaules des femmes, les jeunes filles ne sont visiblement pas nombreuses à se préoccuper de ces questions pourtant fondamentales pour leur santé. Pas moins de 82% des sondées n'avaient pas de préservatifs sur elles lors de leurs premiers rapports sexuels - dont 71% parce que leur partenaire en avait un - moins de la moitié (48%) ont eu un préservatif en main après leur première fois à 18 ans ou plus tandis que 28% ne “voient pas son utilité” car elles sont déjà sous contraceptif. Euh, la pilule ne protège pas de la syphilis ou de la chlamydia pour info. Quant à aller acheter des capotes, cela reste honteux pour 39% du panel.

“La génération des années 90/2000 n'a pas eu accès au même discours de prévention que la génération sida. Les jeunes d'aujourd'hui sont très mal informés et surtout n'ont plus peur du Sida. Ils doivent certes vivre avec cette épée de Damoclès mais ne la considèrent plus si dangereuse que ça”, affirme la créatrice du collectif.

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