Je milite donc je deviens lesbienne : "J'ai adoré toutes mes expériences sexuelles avec les femmes"
Dans les années 70, le lesbianisme politique est un courant de pensée issu du féminisme radical. Il se définit par un refus de partager des relations avec des hommes dans l’optique de combattre le patriarcat. Pour certaines femmes aujourd’hui, il est question de sortir de schémas toxiques et de se donner l’opportunité de vivre des histoires d’amour équilibrées. C’est ces histoires que nous allons raconter.
Si vous aussi vous voulez raconter vos belles histoires de vie, d'amitié et d'amour, vous pouvez envoyer un message à cette adresse : lucilebellan@gmail.com.
Rose a 33 ans et elle s’est toujours considérée comme hétérosexuelle. Il y a 1 an, elle était en couple depuis 6 ans avec un jeune homme : "C’était la fin de notre relation mais on faisait durer par flemme de déménager et de gérer tous les trucs qui vont avec une rupture. En tout cas, il n’y avait plus d’amour et on passait peu de temps ensemble." Pour être absente de l’appartement le plus possible, elle s’engage dans une association de soutien aux femmes victimes de violences conjugales : "Ma tante a été concernée donc c’est le premier truc qui m’est venu à l’esprit. Je savais que ça allait être dur mais je ne pensais pas que ça allait révolutionner ma vie à ce point."
Une rupture précipitée
D’abord, son engagement précipite sa rupture : "Mon compagnon ne prenait pas au sérieux du tout ce que je faisais. Pour lui, on faisait des petits thés entre bonnes femmes. À chaque fois que je sortais pour une session de discussion en groupe par exemple, il pensait que je partais pour du temps de loisir classique, comme si j’allais au spa. J’ai trouvé ça très condescendant, il a fait une réflexion de trop un jour et j’ai préféré le quitter. J’ai gardé l’appartement, il a pris ses affaires et il est parti."
Vidéo. Hannah : "Mon déclic à moi c'est quand j'ai décidé d'arrêter les hommes."
Un jour, alors qu’elle discute avec d’autres bénévoles, elle a une révélation : "On passait des heures à parler de conjoints violents et maltraitants. Des hommes qui font peur, du domicile qui n’est pas un foyer mais un lieu de danger. Je me suis rendu compte qu’en restant hétéro, en cherchant le prince charmant, j’avais l’impression de trahir tout le monde. Le prince charmant n’existe pas, je le savais déjà, mais penser que j’allais tomber sur un homme moins dangereux, plus respectueux, juste parce que c’était moi, c’était absurde de ma part. J’avais autant de chance que toutes les femmes que je croisais à l’association de tomber sur un connard et je ne voulais pas ça. C’est là que j’ai décidé de sauter le pas."
Rose en parle à ses collègues de l’association : "J’ai juste expliqué ma pensée et on m’a expliqué que ça avait été théorisé, que c’était un cheminement normal. Après, cette collègue m’a expliqué comment rencontrer d’autres femmes, parce que je ne savais pas du tout où chercher ni quoi faire. Elle m’a fait rencontrer des amies célibataires à elles qui m’en ont fait rencontrer d’autres. J’ai eu une petite histoire avec une femme qui me plaisait beaucoup mais nous n’avions pas les mêmes envies pour la suite alors elle a préféré arrêter. Je ne désespère pas de trouver chaussure à mon pied."
Une nouvelle audace qui s'exprime
Sexuellement, Rose affirme que ça n’a jamais posé de problème : "J’avais beau ne jamais avoir touché une femme, je ne peux pas dire que je n’ai jamais trouvé une femme belle ou séduisante. J’avais peur de ne pas être excitée ou pire de ne pas réussir à lui donner du plaisir, puisque les hommes n’arrêtent pas de se plaindre que c’est si difficile. Mais en fait, c’est simple comme tout et excitant. J’ai adoré toutes mes expériences sexuelles avec des femmes pour l’instant et je dois dire que ce n’est pas le cas avec les hommes. Parfois, on se fait plus de câlins, de caresses et on se donne du plaisir du bout des doigts, parfois c’est plus hard et on utilise des objets. C’est passionné et ça ne s’arrête jamais. C’est toujours différent et ça m’a donné l’audace d’enfin exprimer ce dont j’avais envie."
Pour la suite, Rose espère le grand amour : "Je reste une indécrottable romantique. Je cherche ma princesse maintenant. Je continue ma vie, avec mon travail, l’asso, les amies. J’ai une vie très différente d’il y a juste un an et en même temps je ne me sens pas si différente. Ma vie me ressemble juste plus. Je fais ce qui me convient et ce qui me correspond le mieux. Il n’y avait pas besoin d’homme en fin de compte. Si c’est pour être mal accompagnée, merci bien mais je passe mon tour !"
À LIRE AUSSI
>> Elles préfèrent les femmes aux hommes depuis le confinement
>> Pourquoi les hommes font-ils moins de nudes que les femmes ?