TABOU - Ils partagent des photos dénudées de leurs conquêtes à leurs amis : " Ah bon, c'est illégal ?"

Ces dernières années, plusieurs affaires de divulgation non-consensuelle de contenu à caractère sexuel (autrefois appelé "revenge porn") se sont multipliées. De nombreuses stars en ont été victimes après le piratage de leurs réseaux, mais chaque année, des milliers d'anonymes subissent également cet étalage de leurs photos et vidéos intimes, sans leur consentement. Dans une récente étude réalisée par l’IFOP et FLASHS, à la demande du comparateur de forfaits mobiles et box Lemon.fr, auprès d’un millier de jeunes Françaises et Français, on découvre que 40% des hommes et 15% des femmes reconnaissent avoir transmis des photos intimes d’une ou d’un ex-partenaire à des tiers. 4 hommes sur 10 ont donc envoyé des clichés privés de leur ex à des amis ou membres de leur entourage.

Quand on pense au partage d'images intimes sans le consentement des personnes s'y trouvant, on pense généralement au partage sur Internet, sur les réseaux sociaux, ou sur les sites pornos. Pourtant, ainsi que le rappelle le site du ministère de l'Intérieur, le fait de "simplement s'amuser à montrer les images à ses amis" est aussi puni par la loi, dans le cadre de l'article 226-1 du Code Pénal. Ce qui n'empêche pas de nombreuses personnes de le faire, sans en avoir honte.

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"S'échanger les nudes de nos meufs, c'est comme s'échanger des cartes Pokémon"

Théo*, 27 ans, est en couple depuis 6 mois avec sa compagne. "On a commencé à se chauffer par message avant de se rencontrer, et très vite, on s'est échangé des photos dénudées. Et on a continué après le début de notre relation, quand on ne pouvait pas se voir", explique-t-il. Des photos qu'il partage régulièrement avec ses amis : "On a une conversation Snapchat tous ensemble, où on peut partager les photos sans qu'elles ne restent stockées où que ce soit. Et je saurais s'ils font des captures d'écran. On le fait tous. Pour nous, c'est un peu comme quand on s'échangeait des cartes Pokémon à la récré gamins. C'est un peu macho, mais ça ne fait de mal à personne", estime-t-il.

Sa compagne est-elle au courant que ses photos intimes sont partagées ? Interrogé à ce sujet, le jeune homme perd vite de sa superbe. "Franchement, je ne lui dis pas. Je suis sûr que ça la ferait flipper pour rien. Peut-être qu'elle fait pareil avec ses potes, j'en sais rien. Moi je trouverai ça flatteur qu'elle m'exhibe devant ses copines ! Mais je ne compte pas lui dire pour autant." Au même titre, Théo affirme ne pas être au courant de l'illégalité de la pratique. "Ça va, c'est pas non plus comme si je publiais ses photos sur les réseaux sociaux. Je les envoie juste à mes potes en qui j'ai confiance", se défend-t-il.

"C'est normal de faire ça entre potes"

Théo n'est pas le seul à utiliser une expression en lien avec les Pokémon. Jules*, 35 ans, évoque lui aussi son "Pokédex" (encyclopédie recensant les créatures fictives éponymes, ndlr) en parlant des photos de ses conquêtes. "Sur mon ordinateur, j'ai un dossier crypté sur lequel je garde des photos et des vidéos de toutes les meufs avec qui j'ai couchés", se vante-t-il. "Ce sont à chaque fois des photos qu'elles m'ont envoyé, et les nudes de meufs, c'est des oeuvres d'art, ça serait gâcher de les supprimer", précise-t-il, même si cette attitude lui a déjà valu des reproches. "Une fois, j'avais oublié de fermer le dossier, et mon ex est tombée dessus. Elle avait pété un câble, elle était devenue folle. Elle trouvait ça irrespectueux que je garde tout ça. Mais pour moi, ça fait partie de mon passé, comme des photos de vacances, tu vois."

Le trentenaire précise avoir déjà partagé certaines des photos de son fameux dossier avec des amis. "Souvent, même", avoue-t-il. "Parfois c'était pour me vanter après m'être tapé une nana vraiment canon. Parfois, c'était un peu pour se moquer, c'est pas cool je sais. Une fois, c'était pour prouver à un pote que j'avais couché avec sa meuf, parce qu'elle avait démenti. C'est normal de faire ça entre potes. Les mecs qui disent ne pas le faire sont des menteurs", estime-t-il. En revanche, il est au courant de l'illégalité de la pratique. "J'ai fait des études de droit, donc forcément, je sais ce que je risque. Mais pour ça, faudrait encore que mes potes soient assez cons pour partager les photos que j'envoie, ou que les meufs concernées l'apprennent. Je n'ai pas vraiment l'impression de me mettre en danger en faisant ça."

"Je sais pas si ma copine trouverait ça flatteur, mais ça m'excite"

A 24 ans, Elio* a lui aussi pris l'habitude de partager des photos de sa compagne à son entourage. "Au début, ça me gênait un peu, mais tous les autres le faisaient dans mon groupe de potes, et ils m'ont clairement dit que je serai viré de la conversation de groupe si je ne le faisais pas", explique-t-il. "Pour mon meilleur ami, c'est une forme d'assurance : vu qu'on le fait tous, personne ne dira rien, sinon on s'entraîne les uns les autres dans notre chute. C'est le principe de la destruction mutuelle assurée."

Mais petit à petit, le jeune homme y a pris goût. "Pour être honnête, je ne regarde pas vraiment les photos des nanas de mes potes. Elles ne m'intéressent pas. Par contre, ça m'excite de savoir qu'ils ont des photos dénudées de ma chérie. Je me fais des films où je m'imagine ce qu'ils peuvent en faire. J'aime l'idée qu'ils la trouvent aussi excitante que moi, alors qu'ils ne pourront jamais l'avoir dans leur lit."

D'ailleurs, l'idée le titille d'en parler à sa compagne. "Je crois que ça me plairait bien qu'elle s'exhibe un peu plus, on avait même parlé d'ouvrir un compte Onlyfans ensemble, mais on flippe encore un peu des répercussions. Je ne sais pas si elle trouverait ça flatteur que je partage des photos d'elle à mes potes en vrai. J'aurais sans doute dû lui demander avant. Elle aurait peut-être dit oui. Mais là, c'est trop tard, je le fais dans son dos depuis trop longtemps, je suis coincé", se désole-t-il. D'autant plus qu'il avoue ne pas avoir eu connaissance des risques : "Ah bon, c'est illégal ? J'aurais jamais cru que ce soit considéré comme une forme de revenge porn... Je savais que c'était pas cool, mais pas que c'était interdit par la loi", glisse-t-il, avant de conclure : "Je vais en parler à mes potes pour voir s'ils savaient. Je sais que je devrais arrêter, mais c'est pas si facile."

* Les prénoms ont été modifiés.

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