Reconnu coupable de viol, cet agresseur obtient une détention raccourcie car le viol "n'a duré que 11 minutes"
En Suisse, un homme reconnu coupable de viol s'est vu octroyer une réduction de peine par le tribunal fédéral, mercredi 22 novembre. La plus haute instance judiciaire du pays a estimé que le viol en question, de "courte durée", justifiait le raccourcissement de la durée d'emprisonnement du détenu, accordée par la Cour d'appel de Bâle. Une décision qui a enflammé le pays.
Condamné à quatre ans et trois mois de prison, un homme reconnu coupable de viol a vu sa durée de détention raccourcie après la décision du tribunal fédéral suisse, ce mercredi 22 novembre. Pour la plus haute instance judiciaire du pays, un viol de "courte durée", justifie une réduction de peine.
"11 minutes, c'est 11 minutes de trop"
La décision du tribunal fédéral vient valider celle précédemment émise par la Cour d'appel de Bâle, L'homme condamné est un Portugais de 33 ans, qui a violé, en 2020, une femme du même âge. La Cour d'appel de Bâle estimait que sa peine pouvait être réduite à trois ans de prison dont 18 mois avec sursis.
Plusieurs raisons ont été avancées par la Cour d'appel. La victime aurait "joué avec le feu" et "aurait donné des signaux contradictoires". Enfin, le viol n'a duré "que" 11 minutes. Cet argumentaire ne tient pas pour de nombreux Suisses, qui ont manifesté leur colère à travers toute la Suisse romande avec pour slogan : "11 minutes, c'est 11 minutes de trop". Mais, pour la cour d'appel de Bâle, la durée du viol permettrait de comprendre quel niveau d’effort l'agresseur a dû fournir pour commettre son crime, et à quel point il s’est entêté à poursuivre son plan.
Dans sa décision, le tribunal fédéral réfute cependant le fait que la victime ait provoqué l'agression. La Cour d'appel devra donc réexaminer et rejuger l'affaire en définissant une nouvelle peine pour l’accusé, uniquement pour cette raison.
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Des signaux décourageants pour les victimes
Ce n'est pas la première fois qu'une décision de justice impliquant des violences faites aux femmes provoque un tollé. Le 9 novembre, en Italie, un homme condamné à trente ans de prison pour avoir tué sa femme a été libéré après six ans d'emprisonnement et assigné à résidence chez ses parents. Le tribunal de Turin a jugé que l'état de santé de cet homme de 35 ans, obèse morbide de 200 kg qui fume énormément, n'était pas compatible avec la détention. Il souffre aussi d'un syndrome de boulimie anxio-dépressif, d’apnée du sommeil et de troubles de la personnalité. Pour les parents de la victime, c'est une décision "honteuse".
En 2018, en Irlande, un violeur avait été acquitté car sa victime portait un string, déclenchant une vague de mobilisation en faveur de son accusatrice sur les réseaux sociaux. Des "circonstances atténuantes" qui n'ont pas lieu d'être pour les victimes, leurs proches et de nombreuses associations qui militent contre les violences sexistes et sexuelles, dont les premières cibles sont les femmes. Ces décisions de justice sont on ne peut plus décourageantes pour les victimes, qui sont déjà peu à porter plainte et encore moins à obtenir gain de cause (en 2020 en France, environ 0,6% des viols déclarés par des majeurs ont fait l’objet d’une condamnation).
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