Je milite donc je deviens lesbienne : "Ne plus voir d'hommes, c'était ma façon de dire 'plus jamais ça'"

Je milite donc je deviens lesbienne : "Ne plus voir d'hommes, c'était ma façon de dire 'plus jamais ça'". Photo : Getty Creative.
Je milite donc je deviens lesbienne : "Ne plus voir d'hommes, c'était ma façon de dire 'plus jamais ça'". Photo : Getty Creative.

Dans les années 70, le lesbianisme politique est un courant de pensée issu du féminisme radical. Il se définit par un refus de partager des relations avec des hommes dans l’optique de combattre le patriarcat. Pour certaines femmes aujourd’hui, il est question de sortir de schémas toxiques et de se donner l’opportunité de vivre des histoires d’amour équilibrées. Ce sont ces histoires que nous allons raconter.

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Constance a 41 ans quand elle décide que les hommes, ce n’est plus pour elle : "Je ne me suis jamais définie comme hétérosexuelle, parce que je pense que je n’ai pas eu le choix. Dès le collège, c’était évident qu’il fallait sortir avec un garçon et puis après avoir des relations sexuelles avec un garçon et puis après une histoire sérieuse. Je n’ai pas eu le temps d’y penser, de me demander ce que j’étais. J’ai fait comme tout le monde et ce qui était attendu de moi. Je me suis beaucoup forcée mais j’ai appris que c’était normal et que c’était ce qu’il fallait faire. Ces mauvaises habitudes, elles sont arrivées tôt."

"Je suis devenue un punching ball sur pattes"

À 18 ans, Constance se met en couple avec un camarade de classe : "Ça a été ma pire relation et elle a duré plus de dix ans. Je m’étais fait ce scénario de l’histoire d’amour maudite en mode "Roméo et Juliette" alors que mes proches essayaient juste de me protéger. Je me disais que mon mec était un incompris alors qu’il était juste violent. Je voulais être celle qui lui permettrait de se poser et d’être heureux et je suis devenue un punching ball sur pattes. Comme je n’avais écouté personne, je n’avais plus personne vers qui me tourner quand j’ai essayé de m’en sortir. Il a fallu attendre qu’il me quitte parce qu’il avait rencontré quelqu’un d’autre. Après lui, je n’ai connu que des connards. Il a ouvert la voie aux autres."

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Constance croit qu’elle aime les "bad boys" : "C’était considéré comme quelque chose de classe, d’être la fille avec le bad boy. C’était aussi censé être sécurisant parce qu’il pouvait vous défendre. Mais personne ne me défendait d’eux. J’ai pris des coups. J’ai été forcée de faire des choses que je ne voulais pas faire juste pour être tranquille. Je me suis éteinte avec les années et j’ai fini par avoir l’air plus vieille que mon âge. Ça m’a physiquement marquée d’être avec ces mecs-là. Je les attendais pour aller me coucher, je supportais les soirées à la maison avec les cigarettes et l’alcool. J’avais l’impression que c’était la seule chose à faire et que j’étais destinée à ça."

"Cette femme est devenue mon amie, puis mon amante"

Un jour, Constance quitte tout : "J’ai déménagé. J’ai pris mes affaires les plus importantes et je suis partie de l’appartement où j’habitais depuis cinq ans. Je l’ai fait parce que mon mec commençait à parler de son envie d’avoir un enfant, que je lui donne un fils, et que je me suis dit que si j’avais un enfant avec lui il serait dans ma vie pour toujours. Cette idée était insupportable alors en quelques semaines, je suis partie. Je n’ai prévenu que quelques membres de ma famille et des amis proches. Je me suis installée dans un studio à 400 kilomètres de chez moi dans une ville où je ne connaissais personne. Et puis j’ai décidé de ne plus voir d’hommes. C’était ma façon de dire 'plus jamais ça'."

Les deux premières années, Constance les passe célibataire : "J’avais besoin d’être un peu seule donc ça m’a convenu. Mais j’avais aussi besoin de tendresse et j’ai fini par rencontrer une femme qui me plaisait dans mon nouveau travail. Je lui ai tout raconté, après quelques cafés ensemble, et elle a trouvé que c’était courageux de ma part. Je n’ai pas fui un mec qui me faisait peur. Je ne suis pas une héroïne de film. Je me suis juste donné l’opportunité de devenir la personne que j’étais au fond. Et ça m’a pris longtemps. Cette femme est devenue mon amie et puis mon amante et encore mon amie. Nous n’avons pas envie des mêmes choses dans la vie alors on ne se met pas vraiment en couple. Mais je l’aime beaucoup et je lui dois de très beaux souvenirs. Plus tard, je sais, il y aura une autre rencontre avec quelqu’un qui me correspond un peu plus et que je pourrais rendre heureuse. J’ai tout mon temps, je ne suis pas pressée."

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