Lucie Lucas dénonce les viols et les agressions sexuelles qu'elle a vécus : "J’ai eu très, très peur. Je me suis mise à prier, j’ai invoqué l’univers"
Révélée dans la série de TF1 "Clem", Lucie Lucas a également joué dans "Les enfants du secret", un film diffusé ce jeudi 23 mars sur France 3. Celle qui a démarré une carrière de mannequin à 18 ans est une artiste engagée pour la planète et pour les droits des femmes. Pour apporter son soutien aux victimes de violences sexistes et sexuelles, elle a décidé de dénoncer les agressions qu'elle avait elle-même subies.
Après un rôle dans le film "15 ans et demi", en 2008, Lucie Lucas commence à interpréter Clem, une adolescente qui découvre sa grossesse, en 2010. Pendant douze saisons, soit jusqu'en 2022, les spectateurs ont pu voir évoluer le personnage, mais aussi l'actrice à l'écran. Alors qu'elle a commencé à tourner dans la série de TF1 en ayant la vingtaine, Lucie Lucas a désormais 36 ans et a mûri ses réflexions. Elle est maintenant une actrice engagée qui n'hésite pas à donner de la voix pour des causes qui lui tiennent à coeur.
"Il m'a violée dans sa cave"
Ainsi, ce 23 novembre 2019, alors qu'une manifestation contre les violences sexistes et sexuelles avait réuni plus de 150 000 personnes dans toute la France, elle a apporté son soutien à ceux qui se mobilisent en écrivant sur son compte Instagram : "De tout mon cœur avec les femmes et les hommes qui marchent dans la rue aujourd'hui contre les violences faites au femmes." Mais surtout, elle a décidé de raconter dans ce post son histoire. Celle d'une jeune fille victime très tôt d'agressions sexuelles, à 7 ans, puis de viols. "J’aimais jouer au foot avec les garçons mais je n’aimais pas qu’ils me coincent quotidiennement dans les toilettes, essaient de me déshabiller et m’obligent à garder leur langue dans ma bouche", a-t-elle rapporté.
Des camarades de classe, un professeur de théâtre, de bio ou de sport... Nombreux sont les hommes de son entourage à avoir commis des violences sexuelles et sexistes à son égard. L'actrice raconte ainsi avoir été violée par un garçon de son entourage. "J'aimais secrètement ce garçon de deux ans de plus que moi, écrit-elle, mais je n'ai pas aimé qu'il s'en aperçoive et me viole dans sa cave quand je pleurais toutes les larmes de mon corps en disant 'non' mais que je ne criais pas ni ne me débattais pour épargner ma mère qui attendait dans sa voiture à quelques mètres de là que je finisse mes "adieux romantiques"."
Plus tard, alors qu'elle découvre les relations amoureuses, son petit ami la viole : "J'aimais tant ce petit copain mais je n’ai pas aimé qu’il me viole avec la volonté de faire mal et de me punir parce qu’il pensait que je l’avais trompé", a-t-elle raconté.
"Ce que je partage avec vous est un extrait de ce que je suis"
Dans son milieu professionnel, le mannequinat, débuté à 18 ans, puis la comédie, elle est également victime de misogynie et d'agressions sexuelles. "J'aimais faire des campagnes de pub mais je n'ai pas aimé qu'un client tente régulièrement de m'embrasser et finisse par me renvoyer car je refusais ses avances." En légende de son post, elle précise : "Ce que je partage avec vous dans ce post est une partie de mon intimité, un extrait de ce que je suis. Merci à toutes les femmes qui ne se taisent plus. Je me rends compte aujourd'hui combien c'est terrifiant de parler même sans donner de noms, de dates ou de lieux. Je n'ai pas le courage de certaines mais je voudrais leur faire part de toute mon admiration et reconnaissance face à leur force immense et bienfaitrice."
Pour trouver le courage de témoigner et pour avancer, Lucie Lucas s'est inspirée de la mobilisation féministe d'alors, comme elle l'a expliqué à Terrafemina, en 2021. "Pour pouvoir affronter nos dysfonctionnements, nos peurs, nos névroses, réparer nos blessures dans une société qui s'effondre, il faut nommer les choses. C'est la première étape à respecter pour aller de l'avant. Pour ma part, le 23 novembre 2019, j'ai senti que c'était le bon moment. C'était comme un appel auquel je ne pouvais pas ne pas répondre." Comme de nombreuses victimes, réussir à raconter ce qu'elle a subi est un acte courageux, le dénouement d'un long cheminement : "Cela m'a pris plusieurs décennies d'accepter que tout cela n'était pas de ma faute, qu'avoir été une victime ne faisait pas de moi une victime. Je crois en la solidarité. Alors j'ai voulu apporter mon soutien à toutes ces femmes qui ont décidé de ne plus se taire et de ne pas cesser le combat tant qu'elles ne seraient pas entendues."
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"J'ai eu très peur, je me suis mise à prier"
Aussi, dans ce marasme, la comédienne s'est tournée vers la spiritualité, après un nouvel épisode "traumatisant", comme elle l'a confié au "Prescripteur", en 2022 : "Comme beaucoup de gens, je rejetais la religion. Et puis un jour, dans mon métier de comédienne, j’ai vécu un tournage assez traumatisant avec un réalisateur qui avait un comportement complètement abusif. Pas sexuel, mais misogyne, dominateur, écrasant… J’ai eu très, très peur. Je me suis mise à prier, j’ai invoqué l’univers pour qu’il m’aide à affronter cette personne. Il se trouve que j’ai trouvé des réponses en moi extraordinaires et j’estime que c’est l’univers qui m’a répondu. J’ai compris que le monde invisible était aussi quelque chose sur lequel on pouvait s’appuyer pour faire une introspection mais aussi mieux se relier aux autres."
Et d'ajouter : "Mon discours est plus audible aujourd’hui depuis que je médite, et je rapproche beaucoup cette pratique de la prière. Cela apporte de la clarté à ma pensée. J’ai retrouvé une vraie joie de vivre, un amour de la vie, des humains et du vivre ensemble par la spiritualité."
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