Sinik se confie sur la maladie d'Alzheimer, dont souffre son père : "J'ai toujours la crainte qu'il me reconnaisse moins"
Le rappeur Sinik, actuellement en pleine promotion de son autobiographie, "Une époque formidable", parue début mars, s'est confié sur la maladie d'Alzheimer, dont souffre son père et qui l'a profondément marqué.
Dans son autobiographie "Une époque formidable", parue le 7 mars 2024, le rappeur Sinik livre ses souvenirs de carrière, d'écriture, mais il dévoile aussi des instants de sa vie, de son parcours d'écolier chaotique aux Ulis, en passant par son passé de délinquant et ses passages en prison, sans oublier son rapport avec ses parents, entre un père autoritaire et une mère inquiète pour son avenir.
"À un moment, tu ne peux pas lutter contre ça"
Mais sa réussite musicale et sa prise de maturité ont rapproché l'artiste de ses parents, comme il l'a raconté dans le podcast Small Talk, mis en ligne ce mercredi 3 avril 2024. Dans cette même émission, le rappeur s'est livré sur la maladie d'Alzheimer, dont souffre son père depuis plusieurs années, qui l'affecte beaucoup. "Il est beaucoup plus affaibli, ce qui est très dur à vivre pour moi parce qu'il était déménageur poids lourds. Donc il a toujours été costaud, il a toujours été fort, c'est vrai que voir son père affaibli comme ça aujourd'hui, (...) c'est quelque chose qui est perturbant, difficile à vivre", a-t-il confié.
Sinik a décrit les changements de comportement qu'il a pu observer chez son père, qui ne se résument pas à une perte de mémoire, et s'est désolé devant l'inéluctabilité d'une telle pathologie, malgré son investissement et celui de sa soeur : "Il est atteint de la maladie d'Alzheimer donc c'est la mémoire, la tête, les souvenirs qui s'en vont... Et puis Alzheimer, les gens ne le savent pas, mais ce n'est pas juste la mémoire, t'es un peu déboussolé dans le temps, tu ne sais plus trop où t'es, tu ne sais plus quel jour on est, tu ne sais plus quelle heure il est... Ce sont des gens qui petit à petit vivent dans leur monde, et petit à petit se renferment dans leur propre monde. Tu ne peux rien y faire, on essaie de le stimuler, on fait tout ce qu'il faut avec ma soeur bien évidemment et avec tous les gens qui sont autour de lui mais à un moment tu ne peux pas lutter contre ça."
Le rappeur a partagé sa peur que son père, un jour, ne puisse plus l'identifier : "Il me reconnaît. C'est un peu une crainte parce qu'il ne vit pas à Paris. Ma soeur est à côté de lui, vraiment juste à côté, moi je suis à deux heures et demi, donc j'y vais forcément moins souvent. Quand j'y vais, c'est vrai que c'est un peu mon angoisse de ressentir qu'il ne me reconnaît plus. Pour l'instant ce n'est pas le cas donc je suis plutôt content de ça mais c'est un stress permanent, j'espère me tromper mais c'est malheureusement la suite logique. Avec cette maladie, tu finis même par oublier tes proches, tes enfants, tous les gens qui t'aiment... Et c'est toujours une crainte quand je vais là-bas de sentir dans son regard qu'il me reconnaît moins ou qu'il ne voit plus qui je suis."
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"Cette maladie est perturbante"
Sinik a tenu à démystifier Alzheimer, qui ne correspond à une perte totale et soudaine de la mémoire chez ceux qui en sont atteints : "Cette maladie est perturbante. Mon père, tu peux lui parler d'un truc, cinq minutes après il va oublier, et tu peux lui parler des souvenirs de son équipe de foot d'il y a trente ans, lui montrer une photo et il va reconnaître toutes les personnes qui sont sur la photo. Plus les souvenirs sont récents, plus ils sont vite oubliés. C'est très bizarre, mais on arrive à s'accommoder."
Cette méconnaissance de la maladie peut entraîner de la peur chez l'entourage, et de l'isolement chez le patient. Sinik a tenu à insister sur les conséquences de l'évolution de cette pathologie pour l'entourage. Sa mère, notamment a mis du temps à accepter la situation : "Je l'ai vu par rapport à ma mère, ça a joué malheureusement un rôle sur son état de santé. (...) C'est difficile pour la personne atteinte de ce mal-là mais elle ne s'en rend pas spécialement compte, mais pour les gens qui sont autour, c'est encore plus compliqué parce que tout s'échappe en fait. C'est une maladie, quand tu es aidant, qui est vraiment très difficile à vivre. (...) moi j'essayais tout le temps de la renvoyer à la maladie, de lui dire 'Ce n'est pas lui s'il fait ça, c'est parce que ci ou ça.' Mais quand on aime vraiment les gens, c'est quelque chose qu'on n'arrive pas à accepter. (...) Ma mère ne comprenait pas pourquoi il avait rangé tel truc à tel endroit..."
Un beau témoignage de la part de celui qui a lui-même failli mourir à l'âge de 5 ans à cause d'une méningite : "J'ai failli claquer. (...) Je sentais qu'il y avait un truc qui n'allait pas, et surtout dans le regard de mes parents, je sentais que ça inquiétait vraiment tout le monde. En grandissant, tu te rends compte que c'est une maladie... Tu peux en mourir aussi, tu te dis que tu n'es pas passé très loin."
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