Poly-Amours : Leïla, 44 ans : "Je rêve d'un beau mariage tous ensemble avec mes compagnons actuels"
Au regard des statistiques sur l’infidélité, de plus en plus de personnes se questionnent sur le bien-fondé d’une monogamie stricte ou sur la possibilité d’une histoire d’amour qui dure toute la vie. Les célibataires des années 2020 jonglent avec des codes qui rendent leurs vies amoureuses semées d’embuches. Parfois, un coup de coeur en simultané d'une histoire pré-existante vient bouleverser les certitudes. Le polyamour est de plus en plus discuté, source de curiosité quand il n’est pas directement expérimenté. Rencontre avec des polyamoureux et polyamoureuses qui vivent cette alternative au quotidien.
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Leïla a 44 ans et elle s’est découverte polyamoureuse il y a une dizaine d’années : "Je ne savais même pas que ça existait. J’enchaînais les histoires où j’ai toujours été infidèle et je ne comprenais pas pourquoi. J’étais épuisée par les ruptures douloureuses. Je commençais à me dire qu’il était temps de faire une pause pour être un peu célibataire et tranquille quelque temps. C’est là que j’ai rencontré celui qui a changé ma vie : un homme polyamoureux."
Elle tombe sous le charme de cet homme instantanément : "J’ai aimé son physique, évidemment. Mais il dégageait aussi une aura de douceur. Il n’y avait aucune colère, aucune frustration, aucun empressement chez lui. C’était l’inverse des hommes que je rencontrais d’habitude. Il m’a expliqué en quoi consistait le polyamour, il m’a parlé d’éthique relationnelle et c’est la première fois que j’entendais ça. Avant lui, je n’ai connu que des mecs qui n’étaient pas portés sur la communication. Qui s’en fichaient du consentement ou plutôt qui le prenaient pour acquis. Parler avec lui puis avoir la chance d’avoir une relation avec cet homme, ça a changé ma vie."
Vidéo. Le grand A : polyamour
"Ce n’est pas parce que j’ai plusieurs histoires qu’elles sont moins importantes"
Leïla remet en question tout ce qu’elle prenait pour acquis dans les relations de couple : "J’ai compris pourquoi je me sentais enfermée dans la relation exclusive et monogame. Pourquoi j’avais des coups de coeur alors même que j’étais déjà en couple. Ça a tout changé de mettre un mot là-dessus parce que ça a mis fin à la culpabilité. Avant, je me disais que j’avais un problème. Voire même que j’étais le problème. Comprendre le polyamour m’a permis de m’accepter et, avant d’aimer d’autres personnes, de m’aimer moi."
Depuis, Leïla n’a été en couple qu’avec toujours au moins deux personnes : "Je ne pratique plus la monogamie exclusive. J’ai toujours au moins deux ou trois personnes avec qui je relationne. Il n’y a pas toujours du sexe, il n’y a pas toujours d’engagement au quotidien. Mais il y a toujours de l’amour, du respect et de la communication. Pour l’une de ces personnes, on se voit depuis le tout début. Ça fait donc presque dix ans. Je pense qu’on va fêter cet anniversaire. Ce n’est pas parce que j’ai plusieurs histoires en même temps qu’elles sont moins importantes. Au contraire. J’ai l’impression que depuis que je suis ouvertement polyamoureuse, je consacre plus d’énergie - et plus d’énergie positive - à mes relations. Je ne suis en opposition à personne, je ne me sens pas enfermée contre mon gré. Je profite de mes rencontres, je m’enrichis de celles qui durent. Je me sens chanceuse de tout ça."
"J'ai souffert du jugement des autres"
Si Leïla retient le positif, elle ne cache pas que certaines périodes sont parfois difficiles : "Je m’épuise facilement dans mes histoires. J’essaye de vivre tout à 100% et quand le travail ou la famille s’en mêle, je me retrouve à souffrir. J’ai l’impression de ne pas donner le meilleur de moi-même et c’est le retour de ma bonne vieille culpabilisation. J’ai aussi souffert du jugement d’anciens amis et de ma soeur. Je n’ai jamais oublié certains regards et certains mots. Je ne comprends pas comment on peut autant juger et critiquer un mode relationnel qui est basé sur le respect et le consentement des autres. Certaines personnes feraient bien de balayer devant leur porte avant d’insulter les autres. Mais sinon, à part ça, je suis heureuse. On ne peut pas toujours avoir que le positif tout le temps. Et ce positif-là, il dépasse de très loin tout ce que j’ai vécu avant."
Leïla rêve d’un grand mariage : "Avec mes compagnons actuels, avec qui j’ai des relations qui durent depuis des années, je rêve d’un beau mariage laïc entre amis. Une cérémonie qui nous ressemble en extérieur et avec des fleurs partout. Je suis une grande romantique. J’y pense pour l’été 2025 et si tout se passe bien, ça aura bien lieu. Ce serait magique."
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